Une affaire familiale aux allures de drame moral s’est retrouvée ce jeudi devant le tribunal des flagrants délits de Diourbel. Serigne Sène, poursuivi pour abus de confiance, a comparu pour avoir vendu sans autorisation cinq bœufs appartenant à son père, Ibrahima Sène, âgé de 76 ans. Le tribunal a décidé d’ajourner le prononcé de la peine au 9 octobre prochain, conditionnant sa décision au remboursement intégral de la somme réclamée : 2,5 millions de francs CFA.
Les faits remontent à 2023. Cette année-là, le père confie à son fils aîné cinq bœufs fraîchement acquis. Mais quelques mois plus tard, à la surprise générale, Serigne Sène revend les animaux à un prix dérisoire de 225 000 francs CFA, sans en aviser son père. Ce dernier, apprenant les faits après coup, se sent trahi et réclame la restitution des bêtes ou, à défaut, le remboursement de leur valeur estimée à 2,5 millions de francs CFA.
Une tentative de règlement à l’amiable a été envisagée au sein de la famille, mais elle s’est soldée par un échec. Ibrahima Sène, se disant profondément blessé par ce qu’il qualifie de “trahison”, a alors porté plainte, entraînant l’inculpation de son propre fils et son placement sous mandat de dépôt.
À la barre, devant le juge Saliou Mbengue, Serigne Sène n’a pas nié les faits. Il a reconnu avoir vendu les bœufs et a tenté de justifier son acte en expliquant avoir utilisé l’argent pour acheter d’autres vaches. Se voulant conciliant, il s’est engagé à rembourser intégralement son père. Il a déjà versé un premier acompte d’un million de francs CFA et promet de solder le reste d’ici octobre.
Mais les mots les plus poignants sont venus du père, très affecté : « C’était mon fils jusque-là, mais désormais, Serigne Sène est devenu un étranger à mes yeux. Il a fait preuve d’un total manque de respect envers moi », a-t-il déclaré avec amertume.
Le procureur Papa Khalil Fall a choisi de s’en remettre à l’appréciation du tribunal. Quant aux avocats de la défense, Me Serigne Diongue et Me Cheikh Ngom, ils ont soutenu que les conditions de l’abus de confiance n’étaient pas réunies, plaidant la relaxe de leur client. À défaut, ils ont sollicité une application clémente de la loi.
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