Partout dans le monde, le football est devenu une activité lucrative qui génère beaucoup de ressources. Les clubs ont deux options stratégiques : former et vendre ou acheter les meilleurs et gagner des trophées. En Afrique comme partout ailleurs, les clubs travaillent à optimiser leurs stratégies en vendant des joueurs au plus offrant ou en gagnant des coupes ou des championnats. Le Sénégal n’échappe pas à cette règle avec les clubs traditionnels, les clubs d’entreprise et les académies.
Depuis l’instauration du foot professionnel avec la Ligue, en 2009, les tendances qui se dégagent se présentent comme suit : les académies forment de jeunes footballeurs dans ce qu’on peut appeler des incubateurs car en dehors du régime sport, études, entraînements, il n’y a aucune compétition régulière (championnat) pour ces petites catégories. Les jeunes qui sont dans ces académies sont certes bien formés mais ils n’ont pas un calendrier de compétitions régulières pour les rendre compétitifs. La dernière Coupe du monde des U17 a prouvé que les jeunes académiciens sont très bons mais ils manquent d’expérience de la compétition et surtout de la haute compétition.
Arrivés à 18 et 21 ans, ils sont aptes pour jouer le championnat mais sont encore trop jeunes pour les dures compétitions africaines. Rares sont les académies capables de passer le 1er tour en Afrique après avoir remporté le championnat national. La deuxième raison s’explique par le fait que certains ou la plupart de ces jeunes joueurs sont vendus aux clubs étrangers. Ce qui est une bonne chose pour la comptabilité de ces académies et pour leurs familles. Le deuxième cas de figure est celui des équipes traditionnelles issues, pour certaines, de la Réforme Lamine Diack en 1969. Ces clubs n’ont pas vocation à former de jeunes footballeurs mais plutôt à les recruter pour les préparer à la compétition. Dans le passé, les joueurs étaient issus de l’UASSU ou des Navétanes.
L’âge de ces joueurs pouvait aller au-delà des 21 ans et leur carrière était inscrite dans la durée. Ils arrivaient donc à rivaliser avec les meilleurs du continent du fait de leur maturité et de leur capacité à résister aux dures réalités du football africain. D’autant que les joueurs n’étaient pas systématiquement vendus durant l’intersaison et pouvaient donc rester pour les compétitions africaines. Cette option des équipes traditionnelles est toutefois en train d’évoluer vers la stratégie hybride consistant à garder l’ossature et à vendre ceux qui sont sollicités à l’étranger.
Mais au vu de l’évolution des choses, il y a fort à penser que ces clubs finiront par vendre les meilleurs au risque de se retrouver sans véritable groupe de performance. Le troisième cas de figure est illustré par les clubs d’entreprise qui ont des stratégies similaires aux clubs traditionnels avec un penchant à la conservation des effectifs. Mais difficile de garder un groupe de performance quand les offres extérieures sont plus alléchantes pour le joueur, sa famille et le club. Voilà la dure réalité du football sénégalais qui évolue dans un monde où le footballeur est devenu la denrée la plus prisée. Comment faire face au dilemme du football local ? Quelle alternative au départ des footballeurs vers des cieux plus cléments ? Comment rendre attractives les compétitions nationales pour placer le football dans la perspective de remporter les compétitions africaines ? Telles sont les trois questions qui interpellent les Sénégalais et qui suscitent un débat sur le profil, la mission, les objectifs des clubs sénégalais. Le reste est un débat de cuisine interne à vite dépasser pour envisager des solutions définitives.
Saliou
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