Le 14 septembre 1997, le Sénégal perdait une figure emblématique de l’islam, un régulateur social hors pair, le vénéré Khalife général des Tidianes, Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh. Vingt-sept ans après sa disparition, l’aura et les enseignements de celui que l’on surnommait « Dabakh » continuent de résonner au cœur des Sénégalais, et bien au-delà.
Né en 1904 à Tivaouane, dans une famille profondément ancrée dans la tradition soufie de la Tidjaniya, Mame Abdou Aziz Sy était le fils du grand érudit El Hadj Malick Sy et de Sokhna Safiyatou Niang. Ce dernier fut un pionnier de la diffusion de la confrérie tidiane au Sénégal. Formé aux sciences islamiques, Mame Abdou acquit une maîtrise impressionnante des différentes disciplines telles que le Coran et son exégèse, le droit islamique malikite, la langue arabe, la théologie ash’arite et le soufisme. Il alliait à sa science religieuse une profonde compréhension des relations humaines, un atout qui fera de lui un guide spirituel incontournable et un modèle de paix et de sagesse.
Ce grand érudit, dont la générosité légendaire lui valut le surnom de « Dabakh », n’a cessé de prêcher la tolérance, l’unité et la solidarité. À travers ses innombrables discours et enseignements, il s’imposait comme une figure unificatrice, prônant toujours la primauté de l’intérêt général sur les querelles partisanes. Serigne Abdou Aziz Sy, par son leadership spirituel, s’attelait à renforcer la cohésion sociale au sein des différentes confréries musulmanes du pays, œuvrant inlassablement pour l’harmonie et la paix au Sénégal.
Son héritage spirituel reste vivant dans les esprits. À travers ses chants religieux et ses poésies islamiques, qu’il récitait souvent lors des cérémonies du Mawlid, Mame Abdou Aziz Sy célébrait avec ferveur la naissance du prophète Mahomet, renforçant ainsi l’unité des croyants. Sa voix distincte, et ses chants profonds marquèrent plusieurs générations. Il était aussi un fervent promoteur de la solidarité sociale, inspirant par ses actions et ses propos à toujours œuvrer pour le bien commun, un message encore pertinent dans le Sénégal d’aujourd’hui.
Mais son engagement ne s’arrêtait pas là. En plus de son érudition religieuse, Mame Abdou Aziz Sy était également un agriculteur reconnu. En 1965, il fut distingué pour ses activités agricoles, une reconnaissance qui illustre son attachement à la terre et à l’autosuffisance alimentaire. En parallèle, il était un grand commerçant, voyageant à travers le monde, notamment au Maroc, en Arabie Saoudite, aux États-Unis, en France et en Mauritanie. Ces voyages, souvent à l’occasion de congrès islamiques, renforçaient son rayonnement international et témoignaient de son influence au-delà des frontières sénégalaises.
Parmi ses prises de parole marquantes, son discours lors du congrès islamique à la Mecque en 1965 reste dans les mémoires. Ce fut un moment clé où il impressionna ses pairs par sa parfaite maîtrise de la langue arabe et la profondeur de son message, laissant une empreinte durable sur le tijanisme en Afrique et dans le monde musulman.
Aujourd’hui encore, Mame Abdou Aziz Sy Dabakh reste une source d’inspiration pour les nouvelles générations. Ses enseignements et son exemple continuent d’éclairer ceux qui cherchent à bâtir une société plus juste, plus unie et plus fraternelle. Sa vision de l’unité nationale et de la paix sociale est plus que jamais nécessaire pour préserver la stabilité du Sénégal. Sa mémoire perdure non seulement à travers les cœurs de ceux qui l’ont connu, mais aussi à travers ses idées et son engagement qui, 27 ans après sa disparition, restent vivants et actuels.
Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh, une figure intemporelle du soufisme sénégalais, restera à jamais dans les mémoires.
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