Le Tribunal correctionnel de Dakar a été le théâtre d’une audience particulièrement suivie. Moussa Dièye, pêcheur de profession, se retrouve au cœur d’une affaire de trafic de drogue, accusé d’avoir été interpellé en possession de 5 kilogrammes de chanvre indien, communément appelé yamba. Une saisie impressionnante qui met en lumière les réalités sombres du trafic de stupéfiants dans les zones côtières, en particulier sur la plage de Yarakh, où les transactions illicites semblent proliférer.
Les événements remontent à 2021, année où Moussa Dièye est arrêté par les agents de la Division des investigations criminelles (DIC). Alertés par des renseignements indiquant une possible transaction de drogue sur la plage de Yarakh, les forces de l’ordre organisent une planque pour observer les mouvements suspects. Selon les détails fournis par l’accusation, l’opération s’est soldée par l’interpellation de Moussa Dièye, porteur d’un sac contenant une importante quantité de yamba.
Face aux enquêteurs, Moussa Dièye n’a pas cherché à nier les faits. Il a admis avoir acheté les 5 kilogrammes pour la somme de 75.000 francs CFA, précisant que 25.000 francs restaient encore à payer à son fournisseur. Une déclaration qui semblait accréditer la thèse d’un achat destiné à la revente, au grand dam de l’accusé, qui maintient depuis son arrestation qu’il n’est pas impliqué dans le trafic de drogue.
À la barre du tribunal, Moussa Dièye change de discours. Il conteste les aveux initiaux et minimise les faits, affirmant : « Je n’avais sur moi que 5 cornets de yamba destinés à ma consommation personnelle. Je ne suis pas un dealer. Je consomme du chanvre, mais jamais je n’ai possédé 5 kilogrammes. » Une tentative de défense qui vise à écarter l’accusation de trafic au profit de celle, moins lourde, de simple possession.
Cependant, le procureur reste inflexible. Selon lui, les preuves sont claires : la quantité de chanvre indien retrouvée sur le prévenu dépasse largement ce qui pourrait être considéré comme un usage personnel. « Les 5 kilogrammes étaient destinés à la revente, c’est évident », a martelé l’accusation, soulignant que Moussa Dièye avait déjà engagé des transactions financières pour cette cargaison.
L’avocat de la défense, Me Ndiogou Ndiaye, a tenté de tempérer la sévérité des charges retenues contre son client. Il a évoqué le contexte personnel difficile de Moussa Dièye, un pêcheur confronté à des conditions de vie précaires et qui, selon lui, aurait été entraîné dans cette affaire sans intention réelle de trafic. « Nous demandons une application clémente de la loi, compte tenu des circonstances », a plaidé l’avocat.
Cette affaire illustre les défis croissants auxquels sont confrontées les autorités sénégalaises dans la lutte contre le trafic de drogue. Les zones côtières, particulièrement les plages fréquentées par les pêcheurs, semblent être devenues des points stratégiques pour les échanges de stupéfiants. Le cas de Moussa Dièye révèle une réalité inquiétante : le chanvre indien circule de plus en plus librement, mettant en péril non seulement les consommateurs, mais aussi la sécurité publique.
Le verdict de cette affaire, attendu pour le 5 décembre prochain, est suivi de près par l’opinion publique. Il pourrait bien constituer un précédent pour des cas similaires à venir, à l’heure où le Sénégal s’efforce de renforcer ses mesures de répression contre le trafic de drogue, tout en sensibilisant la population aux dangers de la consommation de substances illicites.
En attendant le délibéré, une question reste en suspens : Moussa Dièye est-il un simple consommateur pris dans la tourmente, ou bien un acteur volontaire de ce trafic lucratif ? Réponse le 5 décembre, lors du rendu du verdict.
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