L’État du Sénégal et le Royaume d’Espagne ont réactivé un ancien programme de recrutement d’ouvriers agricoles saisonniers. Le Secrétariat d’État aux Sénégalais de l’extérieur a ainsi lancé un appel à candidatures dans le cadre de cette initiative de migration circulaire, visant à embaucher des travailleurs pour la cueillette et le stockage de fruits ainsi que l’empilement des récoltes. Les candidats retenus signeront un contrat à durée déterminée (CDD) de trois mois renouvelables. Cette stratégie vise à endiguer l’immigration irrégulière, alors que les îles espagnoles font face à un afflux inédit de migrants.
Cependant, Talla Diakhoumpa, un Sénégalais vivant en Italie et secrétaire général de l’Association des Sénégalais de la Province de Dicosense en Italie (ASECO), a exprimé ses réserves quant à l’efficacité de cette approche.
Un programme déjà expérimenté sous Wade et poursuivi par Macky Sall
« Face à l’immigration clandestine, des pays occidentaux comme l’Italie et l’Espagne ont choisi d’instaurer des voies d’immigration régulière à travers des décrets flux ou en attribuant des quotas de travailleurs migrants aux pays africains. Ces migrants peuvent ainsi obtenir des visas pour aller travailler en Europe, notamment dans les plantations en tant que saisonniers », a expliqué M. Diakhoumpa.
Il rappelle que ce programme n’est pas une nouveauté au Sénégal. Déjà sous la présidence de Me Abdoulaye Wade, des initiatives similaires avaient été mises en place pour endiguer l’immigration clandestine. Avec l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, ces politiques ont été poursuivies, car « l’État est une continuité », souligne-t-il.
Un manque de communication qui risque de compromettre le projet
Toutefois, selon lui, les autorités actuelles ont mal communiqué sur l’appel à candidatures. « Elles ont annoncé une période de trois jours, mais ces trois jours n’ont même pas été complets », regrette-t-il.
Pour Talla Diakhoumpa, cette mauvaise communication risque de conduire à l’échec du programme, d’autant plus que de nombreux jeunes ont perdu espoir en l’avenir au Sénégal. Il ajoute que la plupart de ceux qui partiront travailler dans les plantations en Espagne ne reviendront probablement pas au pays, faute d’opportunités d’emploi sur place.
« Si l’État ne met pas en place une véritable politique d’insertion professionnelle pour maintenir les jeunes au pays, le Sénégal risque de se vider de sa jeunesse », avertit-il.
Talla Diakhoumpa a fait cette déclaration samedi à Kaolack, où il est actuellement en séjour.
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