L’initiative du gouvernement sénégalais visant à indemniser les victimes des manifestations entre 2021 et 2024 suscite de vives réactions. Parmi les voix critiques, celle de Me Moussa Diop, président du parti Alternance Générationnelle (AG/Jotna), s’élève pour dénoncer un manque de transparence dans le processus.
Depuis quelques jours, le gouvernement a annoncé une assistance aux familles des 79 personnes décédées lors des manifestations, avec une enveloppe de 10 millions de francs CFA par famille. Par ailleurs, 2 172 ex-prisonniers sous le régime de Macky Sall recevront 500 000 francs CFA et une prise en charge médicale. Cette décision, portée par le ministère de la Femme, de la Famille et des Solidarités, est perçue par certains comme une tentative d’apaisement, mais suscite aussi des interrogations.
Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, Me Moussa Diop, allié du président Bassirou Diomaye Faye, estime que cette mesure contredit les principes de bonne gouvernance promis par le nouveau régime. « Quand on parlait de rupture et de transparence, ce n’était pas pour ça », déclare-t-il, soulignant l’absence de justification détaillée sur l’utilisation de l’argent public.
L’avocat et ancien directeur général de Dakar Dem Dikk (DDD) pointe du doigt l’absence de décision judiciaire préalable sur l’identification des victimes et des responsables. Il considère qu’il revient à la justice de faire ce travail, et non au gouvernement de l’anticiper. « Il n’est pas normal de prendre l’argent public pour indemniser des militants politiques », s’insurge-t-il, suggérant que cette indemnisation bénéficie surtout aux membres du parti PASTEF, dont plusieurs sympathisants ont été emprisonnés ou blessés lors des affrontements.
De plus, Me Moussa Diop rappelle que d’autres Sénégalais ont été affectés par ces manifestations : « Des stations-service ont été saccagées, des voitures incendiées… Ces pertes doivent aussi être prises en compte. » Il plaide ainsi pour une réparation globale et équitable des préjudices subis.
L’autre point de discorde soulevé par le leader de AG/Jotna concerne la procédure budgétaire. Il regrette que ces dépenses aient été engagées sans ratification préalable par l’Assemblée nationale. « Si Macky Sall avait fait cela, on aurait crié au scandale ! », déclare-t-il, rappelant que les promesses de rupture du nouveau régime devraient s’appliquer à tous les aspects de la gouvernance.
Il critique également les lenteurs dans l’abrogation de la loi d’amnistie de 2024, une promesse de campagne du président Faye. Pour Me Moussa Diop, cette abrogation est prioritaire et devrait être traitée en urgence par l’Assemblée nationale au lieu de « calmer les tensions par des indemnisations floues ».
Se positionnant en « sentinelle de la République », Me Moussa Diop assure qu’il continuera à dénoncer toute dérive du pouvoir. Il appelle le gouvernement à faire preuve de rigueur et de transparence dans l’attribution des indemnisations, afin d’éviter toute instrumentalisation politique.
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