Gel de l’aide publique américaine : une opportunité pour les États souverainistes africains ?

La récente décision du président américain Donald Trump de suspendre pendant 90 jours l’aide publique au développement destinée aux pays pauvres suscite des réactions contrastées. Si cette mesure inquiète certains gouvernements et organisations internationales, elle pourrait en revanche représenter une opportunité pour les États africains aux orientations souverainistes, tels que le Sénégal sous Ousmane Sonko ou les membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), à savoir le Burkina Faso, le Niger et le Mali.

Selon l’économiste Papa Demba Thiam, cette décision pourrait paradoxalement bénéficier aux pays africains désireux d’affirmer leur souveraineté économique. « La première bonne nouvelle, c’est que, quoi qu’on puisse dire, le président Donald Trump est devenu un allié objectif et stratégique pour les pays africains qui ont des gouvernements responsables et souverainistes », affirme-t-il dans un entretien avec Le Soleil.

Pour l’expert en développement industriel intégré, Trump remet en cause un modèle de dépendance perpétuée par les bureaucraties multilatérales et bilatérales. Il privilégie une approche où les relations économiques doivent être fondées sur des principes de réciprocité et d’intérêts mutuels. « Il gouverne comme on fait des affaires dans le privé : si ce n’est pas une affaire gagnant-gagnant, ça n’intéresse personne », souligne Thiam.

Cette posture pourrait inciter les gouvernements africains à revoir leur modèle économique et à renforcer leurs capacités internes pour nouer des partenariats équilibrés. En développant des stratégies économiques solides et en misant sur des investissements structurants, les États africains pourraient se positionner comme des interlocuteurs respectés sur la scène internationale.

Papa Demba Thiam voit également dans cette suspension de l’aide américaine un signal fort en faveur d’une refonte des politiques économiques africaines. « C’est une hérésie de croire qu’un gouvernement aurait la responsabilité de financer le développement », affirme-t-il. À ses yeux, le rôle de l’État ne doit pas être de financer directement la croissance, mais plutôt de créer un environnement propice à l’investissement.

Cela implique notamment la mise en place de stratégies économiques qui favorisent la participation du secteur privé à la construction des infrastructures et au développement des chaînes de valeur nationales, régionales et internationales. L’argent public, selon Thiam, devrait être utilisé pour libérer les forces productives et favoriser une croissance inclusive.

Pour les gouvernements africains adoptant une posture souverainiste, comme ceux de l’AES ou du Sénégal sous Ousmane Sonko, cette situation pourrait être une opportunité pour repenser leur modèle de développement. Plutôt que de dépendre des aides extérieures, ces États pourraient être amenés à renforcer leurs stratégies économiques, à diversifier leurs partenariats et à stimuler l’investissement national et régional.


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