Auditionné par la DIC, l’ancien Dage du ministère de la Culture rejette toute responsabilité sur l’absence de justificatifs pour plus d’un milliard de francs CFA.
L’affaire des fonds non justifiés au ministère de la Culture continue de faire des vagues. Devant les enquêteurs de la Division des investigations criminelles (DIC), Léonce Nzally, ancien Directeur de l’administration générale et de l’équipement (Dage), a tenté de se laver de tout soupçon concernant la non-production de justificatifs pour une enveloppe de 1,120 milliard de francs CFA, dont 530 millions destinés, selon lui, aux « ténors de la musique sénégalaise ».
D’après les informations relayées par le journal Libération, Léonce Nzally soutient que la Cour des comptes s’est trompée sur certains éléments. Il affirme que l’argent a été réparti entre plusieurs bénéficiaires : la Sodav (1 milliard), le Réseau national des communicateurs traditionnels (50 millions), le sous-secteur Mode et Stylisme (50 millions), et le Patrimoine historique (20 millions).
Toujours selon ses déclarations, la Sodav aurait reversé 470 millions de F CFA aux ayants droit, et remis au ministère les pièces justificatives ainsi qu’un chèque de 530 millions, représentant la somme non utilisée.
Mais c’est sur cette dernière somme que l’affaire se corse. Léonce Nzally explique que le ministre de la Culture d’alors, Abdoulaye Diop, aurait informé le président Macky Sall de la situation par courrier, précisant qu’un reliquat de 530 millions n’avait pas été distribué. Ce dernier aurait ensuite répondu par l’envoi d’une liste de « ténors » de la musique sénégalaise à qui redistribuer l’argent, chaque nom étant associé à un montant spécifique.
L’ancien Dage affirme n’avoir joué aucun rôle dans cette opération. Il dit n’avoir reçu ni la liste complète ni les pièces justificatives. Toutefois, il déclare avoir pu retracer 308 millions de francs CFA répartis entre 18 artistes et la Mutuelle de santé des artistes.
Face à la disparité de 222 millions, il a indiqué que la liste dont il dispose n’est pas exhaustive et a invité les enquêteurs à se rapprocher de la Direction des arts pour obtenir des informations complètes.
L’affaire met en lumière une gestion pour le moins floue des fonds publics censés soutenir la culture. Si les investigations se poursuivent, cette audition soulève une question centrale : qui sont les véritables bénéficiaires des fonds, et où sont passées les pièces justificatives manquantes ?
Une affaire à suivre, au croisement de la culture, de la politique et de la reddition des comptes.
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