Le Groupe Challenge New Media (CNM), un média en ligne reconnu par les autorités sénégalaises, a annoncé ce mercredi avoir reçu l’ordre de suspendre immédiatement ses activités. Une décision émanant de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), assortie de menaces de poursuites pénales en cas de non-respect, et appuyée sur les articles 194, 195 et 200 du Code de la presse.
Dans un communiqué rendu public, la direction du groupe dénonce une décision « arbitraire », injustifiée et disproportionnée, qu’elle perçoit comme une attaque grave contre la liberté d’expression au Sénégal.
« Nous respectons rigoureusement le Code de la presse. Aucune notification officielle n’a été transmise pour justifier cette mesure brutale, ce qui nourrit des soupçons de censure politique », a réagi la direction du média.
Le CNM dit n’avoir été ni informé, ni convoqué dans un cadre légal permettant un droit de réponse ou un débat contradictoire. Cette suspension, qui intervient dans un contexte de tension autour du pluralisme médiatique, soulève des inquiétudes dans le paysage de la presse sénégalaise, notamment chez les organisations de journalistes, les ONG de défense des droits humains, mais aussi au sein de la communauté diplomatique.
« Cette crise pourrait mettre en péril des dizaines d’emplois et entraver gravement le droit des citoyens à une information pluraliste, libre et indépendante », avertit CNM.
Le groupe Challenge New Media interpelle directement le Président Bassirou Diomaye Faye, le Premier ministre Ousmane Sonko et le ministre de la Communication Alioune Sall, leur demandant de clarifier la position du gouvernement sur cette décision jugée liberticide.
« La rupture tant attendue ne peut se faire sans garantir un environnement médiatique libre et sécurisé », soutient le média, qui appelle également à la mobilisation des défenseurs de la liberté de la presse ainsi que des partenaires internationaux du Sénégal.
Cette affaire relance le débat sur les limites à la liberté de la presse dans un pays souvent cité comme un exemple de démocratie en Afrique de l’Ouest. Elle met aussi à l’épreuve les engagements du nouveau pouvoir, arrivé aux affaires en mars 2024 avec la promesse d’un renouveau démocratique, d’un État de droit renforcé et d’une gouvernance exemplaire.
Alors que la société civile reste vigilante, de nombreuses voix commencent à s’élever contre une tendance possible à l’autoritarisme masqué, sous couvert de légalité.
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