L’enquête judiciaire sur les soupçons de corruption dans le cadre de la construction du Palais de justice de Pikine-Guédiawaye prend une tournure inattendue. Ce lundi 19 mai 2025, deux figures clés du dossier, Cheikh Guèye, promoteur immobilier à la tête de la société Technologie Consulting Service (TCS), et Mohamed Anas El Bachir Wane, ancien directeur des Constructions au ministère de la Justice, ont été placés sous mandat de dépôt.
Les deux hommes, qui accusaient l’ancien ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall d’avoir sollicité un pot-de-vin, sont désormais poursuivis pour des faits graves : escroquerie sur les deniers publics, corruption, association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux. Ils ont été déférés au parquet de Pikine après avoir été entendus par les enquêteurs de la Brigade des affaires générales (BAG).
Selon les premiers éléments de l’enquête, les deux mis en cause seraient au cœur d’un système de détournement structuré autour du marché public du nouveau palais de justice. Les enquêteurs parlent d’une véritable « mafia foncière » ayant mis en place un circuit parallèle de financements occultes, avec des implications supposées à plusieurs niveaux du ministère.
Cheikh Guèye avait lui-même déclenché l’affaire en accusant Ismaïla Madior Fall d’avoir exigé une somme de 250 millions de francs CFA en échange de l’attribution du marché public. Il affirmait avoir déjà versé 50 millions FCFA à l’ancien ministre avant que la somme ne lui soit restituée, selon ses dires. Une version aujourd’hui mise en doute par les enquêteurs, qui suspectent une tentative de manipulation de l’opinion et des institutions judiciaires.
Pendant ce temps, Ismaïla Madior Fall, mis en cause dans ces déclarations, est attendu ce mardi 20 mai devant la Commission d’instruction de la Haute Cour de Justice pour une audition officielle. Son passage est très attendu, tant les implications politiques et judiciaires de ce dossier sont lourdes.
L’ancien garde des Sceaux, qui a nié en bloc toutes les accusations depuis leur révélation, entend livrer sa version des faits et pourrait bénéficier d’un regain de crédibilité suite à l’incarcération de ses accusateurs. Reste à savoir si de nouveaux éléments seront versés au dossier à l’issue de son audition.
Cette affaire met une nouvelle fois en lumière la sensibilité et la complexité des grands projets d’infrastructures publiques, notamment en matière de transparence dans les marchés publics. Le chantier du palais de justice de Pikine-Guédiawaye, censé améliorer l’accès à la justice dans cette zone densément peuplée de la banlieue dakaroise, est aujourd’hui au centre d’une tempête politico-judiciaire.
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