PLUS D’UN MOIS SANS EAU POTABLE DANS LE SINE-SALOUM : Lente agonie de l’économie

Privée deau depuis plus dun mois, lîle de Mar, particulièrement à Fandimadior, joyau touristique du delta du Saloum, dans la région de Fatick, suffoque. Dans une lettre adressée à l’administration territoriale, les habitants et acteurs économiques dénoncent une situation dramatique : pénurie deau, fermeture provisoire dhôtels, chômage technique, flambée des prix. Une crise qui, au-delà de Fandimadior, frappe de plein fouet dautres localités de larrondissement de Fimela, comme Mar Lodj, Ndangane Sambou ou Palmarin.

Cela fait désormais plus de quatre semaines que les robinets sont à sec à Fandimadior. Aucun signal, aucune explication officielle, aucune goutte d’eau potable n’a atteint les foyers, les établissements touristiques ou les infrastructures économiques. Dans leur correspondance collective adressée au représentant de l’État, les habitants et acteurs économiques dressent un tableau accablant de cette crise qui menace de paralyser entièrement la localité. « Depuis quatre semaines révolues, pas une seule goutte d’eau ne coule de nos robinets. Cette absence totale d’approvisionnement hydraulique plonge nos foyers, établissements et structures touristiques dans une crise d’une gravité extrême », expliquent ces derniers.

PARALYSIE DE L’ÉCONOMIE ET RISQUES SANITAIRES

Ndangane Sambou et Fandimadior, localités à fort potentiel touristique, vivent en grande partie grâce à l’accueil de visiteurs, les établissements hôteliers, les activités artisanales et les services. Mais avec la rupture d’approvisionnement en eau, c’est tout un écosystème économique qui s’effondre.

Les hôtels et campements, incapables d’offrir des conditions sanitaires décentes, ont fermé leurs portes. Le personnel est placé en chômage technique. Les clients sont refusés. Les activités de restauration, de nettoyage, de jardinage sont totalement à l’arrêt. Les habitants évoquent des années d’investissements anéantis par cette crise : aménagements paysagers, infrastructures d’accueil, équipements touristiques. Tout risque d’être perdu si rien n’est fait rapidement.

« L’accès à l’eau est un droit fondamental, garanti par nos lois et reconnu par les principes universels de la dignité humaine », rappellent les habitants dans une note adressée au sous-préfet de Fimela. Ils dénoncent une situation où l’on met en péril la sécurité et la stabilité sociale d’une communauté déjà vulnérable.

Le porte-parole du collectif des habitants, joint par « Le Dakarois Quotidien », témoigne : « nous devons acheter de l’eau, que des charrettes vont chercher à 3 kilomètres dans des puits. Elle nous est ensuite vendue à 200 francs le bidon de 20 litres. Cela revient à 10 000 francs CFA le mètre cube, contre 300 francs à Dakar. C’est une injustice flagrante, un fardeau pour des familles déjà précaires. »

Et la crise ne s’arrête pas à Ndagane Sambou et Fandimadior. Selon lui, toute la zone de l’arrondissement de Fimela est concernée : Ndangane Sambou, Mar Fafaco, Mar Soulou, Mar Lodj, Fimela, Djilor, Yayem, Palmarin. Partout, les mêmes complaintes, le même désarroi, la même impuissance face à une pénurie incompréhensible. Il avance, d’autre part, que c’est le même phénomène qui se répète depuis 3 ans avec le distributeur d’eau potable SEOH.

LA SEOH, CITÉE COMME COUPABLE

Dans leur lettre, les habitants dénoncent l’attitude de la Société d’Exploitation des Ouvrages Hydrauliques (SEOH), qui aurait été alertée à plusieurs reprises sans jamais donner suite. Ils parlent d’un mutisme, d’un silence institutionnel et d’une indifférence face à une détresse humaine pourtant bien réelle. « Ce mépris manifeste à l’égard de citoyens en détresse est tout simplement inacceptable », fustigent les habitants, qui exigent que la responsabilité de la SEOH soit engagée.

Pour le moment, aucune information ne circule sur l’origine de cette rupture d’approvisionnement en eau, ni sur la reprise de la distribution. D’après les populations, cette absence de communication témoigne d’un grave dysfonctionnement dans la gestion d’un service public vital.

Dans leur missive, les habitants formulent trois demandes claires :

  • Le rétablissement immédiat de l’accès à l’eau potable ;
  • L’engagement de la responsabilité de la SEOH qui, selon eux, échoue à remplir ses obligations ;
  • La mise en place d’un plan d’urgence pour venir en aide aux populations et professionnels impactés par la crise.

Au-delà de l’aspect économique, c’est la santé publique qui risque d’être aussi en péril. Sans eau, les gestes d’hygiène élémentaire deviennent impossibles : se laver, faire la vaisselle, nettoyer les lieux de vie, évacuer les déchets, etc. Les dangers sont réels, notamment avec l’approche de la saison chaude.

En février dernier, les habitants de Ross Béthio, dans la région de Saint-Louis, dans le nord du pays, avaient déjà battu le pavé pour dénoncer la même société, la même gestion défaillante, les mêmes promesses non tenues. Aujourd’hui, c’est au tour de Marfafaco, Ndagane Sambou, Fandimadior et environs de crier leur soif.

La Dakaroise


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