Féminicides au Sénégal : les organisations féministes exigent des lois plus strictes et une réponse immédiate de l’État

L’indignation est à son comble au Sénégal face à la recrudescence des féminicides. Ce samedi 31 mai 2025, plusieurs associations féministes et féminines se sont rassemblées sur le terrain HLM Grand Yoff, en face du Stade Léopold Sédar Senghor, pour un sit-in empreint de gravité. Vêtues de noir, en signe de deuil collectif, les militantes ont exprimé leur colère et leur détermination à mettre fin à l’impunité qui entoure les violences faites aux femmes.

Par le biais d’un mémorandum adressé aux autorités, les organisations ont réclamé l’adoption immédiate de lois spécifiques criminalisant les féminicides, mais aussi une réforme profonde du système de protection des femmes. Elles dénoncent un climat de violence systémique, aggravé par l’inaction ou la lenteur des réponses institutionnelles.

« Le Sénégal, jadis perçu comme un havre de paix et de téranga, est aujourd’hui secoué par une série de violences insoutenables envers les femmes », peut-on lire dans le document. Le mémorandum s’appuie sur des faits concrets pour illustrer cette réalité devenue insoutenable. Des noms de victimes sont cités : Diary Sow, 12 ans, tuée par un voisin ; Yamou Ndiaye, assassinée par son beau-frère à Touba ; Sadel Sow, abattue par son mari à Yayang ; Kindy Bah, tuée à Keur Ndiaye Lo ; Diene Dia et Fatou Gueye, toutes deux victimes de leurs proches ; ou encore Marie Louise Ndour, abattue d’une balle par son époux à Fatick. Autant de tragédies qui dressent un tableau sombre de la condition féminine au Sénégal.

Les militantes féministes soulignent que ces meurtres sont bien souvent commis dans la sphère privée, au sein même des foyers. L’espace familial, censé offrir sécurité et protection, devient paradoxalement le premier lieu de danger pour les femmes et les filles. Ce constat glaçant pousse les organisations à exiger une réaction structurelle et immédiate de la part des autorités.

Leurs demandes sont précises et urgentes. Elles exigent une condamnation claire des féminicides par les plus hautes autorités de l’État, la publication rapide des mesures prises pour sanctionner ces crimes, ainsi qu’une protection renforcée des femmes dans tous les espaces, notamment au sein du foyer. Elles réclament également la modification du Code de la famille, la suppression des dispositions discriminatoires envers les femmes, et la création de structures d’accueil, de soutien psychologique et de réinsertion pour les victimes.

Les féministes appellent aussi à une transformation des politiques publiques, avec l’intégration systématique de la lutte contre les violences sexistes dans les programmes éducatifs et institutionnels. Elles insistent sur la nécessité d’adopter des lois spécifiques contre les féminicides, assorties de peines exemplaires.

Au-delà de l’État, c’est la société dans son ensemble que ces organisations interpellent. Elles appellent les citoyennes et citoyens à briser la loi du silence, à dénoncer les violences et à soutenir les victimes. Elles invitent aussi la société civile à maintenir la pression pour que ces crimes ne soient plus tolérés, ni banalisés.

Enfin, les féministes sénégalaises appellent les institutions régionales et internationales — telles que la CEDEAO, l’Union africaine ou l’ONU — à exiger du Sénégal qu’il honore ses engagements en matière de droits des femmes. « Le Sénégal ne peut prétendre à la paix sans justice pour ses femmes », concluent-elles.


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