Arona Niang en garde à vue pour diffusion de fausses nouvelles : des déclarations controversées sur plusieurs chefs d’État et le Covid-19

Dakar, le 15 mai 2025 – Le professeur d’histoire et de géographie Arona Niang, également vice-président du mouvement des enseignants patriotiques de Pastef à Pikine Est et président de l’association Jeunesse éveillée (Je), a été placé en garde à vue ce mercredi par la Division spéciale de cybercriminalité (DSC). Il est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, avec à la clé une série de déclarations jugées sensibles, voire dangereuses, par les autorités.

Se présentant comme un « consultant en géopolitique », Arona Niang est dans le collimateur des enquêteurs pour plusieurs propos tenus lors de ses interventions sur la chaîne YouTube Sénégal 7. Parmi les points les plus controversés, ses attaques directes contre des chefs d’État étrangers, notamment le président turc Recep Tayyip Erdogan, qu’il a qualifié de « menteur », affirmant qu’il serait « pire que Kagame ou Emmanuel Macron ».

Face aux enquêteurs, il a tenté de justifier ces propos en évoquant le soutien officieux de la Turquie à Israël, soutien qui, selon lui, aurait motivé sa réaction. Sur Paul Kagame, président du Rwanda, il a affirmé que ce dernier ne cacherait pas son appui aux miliciens du M23. En ce qui concerne Emmanuel Macron, ses critiques porteraient, selon lui, uniquement sur la domination coloniale française.

Parmi les éléments ayant conduit à sa garde à vue figure également une déclaration particulièrement troublante : l’insinuation selon laquelle la mort d’un garde du corps du président turc, survenue lors de l’inauguration du stade Abdoulaye Wade, aurait été programmée. Il a aussi mentionné que les conflits ethniques en Mauritanie, au Mali, au Burkina Faso et dans le Sahel seraient prémédités, pointant du doigt des « organisations lobbyistes ».

Une autre déclaration controversée a concerné le président gambien Adama Barrow, dont il a affirmé qu’il « passait son temps à dormir lors des rencontres internationales ». Interrogé sur cette sortie, Arona Niang a expliqué qu’il souhaitait simplement souligner le cousinage entre les peuples sénégalais et gambien, et que son ton se voulait humoristique.

Les enquêteurs se sont également penchés sur les propos du mis en cause concernant la pandémie de Covid-19. Il aurait affirmé que les tests par écouvillons (coton-tiges) servaient à transmettre le virus, s’appuyant, dit-il, sur « des documentations scientifiques étrangères ». Poussant plus loin, Arona Niang a relayé des théories complotistes selon lesquelles les vaccins contre le Covid-19 auraient été conçus pour éliminer 7,2 milliards de personnes, reprenant selon lui une déclaration de Bill Gates datant de 2015.

Enfin, il a soutenu que les doses de vaccin contenaient une puce nommée “Arm Messenger”, qui permettrait à la CIA de collecter des données personnelles. Il dit s’être appuyé sur une chaîne YouTube animée par un certain Mouhamed Diallo pour avancer ces affirmations.

Arona Niang sera jugé lundi prochain devant le tribunal des flagrants délits. Cette affaire relance le débat sur la liberté d’expression face aux risques de désinformation, notamment en ligne. Les autorités sénégalaises semblent déterminées à encadrer davantage les propos publics à travers les réseaux sociaux et les médias numériques, dans un contexte où la cybercriminalité et la manipulation de l’opinion sont devenues des enjeux majeurs.


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