Le secteur de la cimenterie au Sénégal est en proie à une crise sans précédent. Entre la chute de la production, la baisse des ventes locales et l’effondrement des exportations, les acteurs du sous-secteur s’inquiètent de l’avenir de cette industrie stratégique. Les derniers chiffres publiés pour novembre 2024 confirment une tendance alarmante qui pourrait impacter durablement l’économie nationale.
Les données récentes révèlent une contraction de 15,3 % de la production de ciment par rapport à novembre 2023. Ce recul s’explique par plusieurs facteurs, notamment la réduction de la demande liée à l’arrêt de nombreux chantiers publics et privés. Le ralentissement du secteur de la construction, moteur essentiel de la consommation de ciment, contribue largement à cette situation préoccupante.
En plus du recul de la production, les ventes locales affichent également une baisse de 8,3 %. Cette diminution traduit une consommation intérieure plus faible, impactée par la conjoncture économique difficile et la raréfaction des investissements dans les infrastructures.
L’impact est encore plus marqué sur le plan des exportations. Selon les statistiques, les livraisons de ciment vers les pays voisins, notamment le Mali, la Mauritanie et la Gambie, ont chuté de 35,3 %. Cet effondrement des exportations s’explique par plusieurs facteurs, notamment des difficultés logistiques et la concurrence accrue d’autres producteurs de la sous-région.
Malgré ce tableau sombre, une note positive a été enregistrée sur le plan mensuel. Entre octobre et novembre 2024, la production de ciment a progressé de 7,3 %, tandis que les ventes locales ont augmenté de 2,4 %. Ce sursaut, bien que modeste, pourrait indiquer un frémissement de la demande, mais il reste insuffisant pour compenser la tendance annuelle négative.
Les experts s’accordent à dire que l’année 2024 restera marquée par une contraction significative du secteur. Selon ConfidentielDakar, jamais une telle baisse de production n’avait été enregistrée depuis 2006, date du début du suivi de l’indice de production du ciment.
Cette situation alarmante pourrait compromettre plusieurs projets d’infrastructure et freiner la croissance du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP). Si aucune mesure corrective n’est prise, l’industrie cimentière sénégalaise risque de perdre en compétitivité face à ses concurrents régionaux.
Face à cette crise, plusieurs pistes sont envisagées pour redresser le secteur de la cimenterie au Sénégal :
- Un soutien accru de l’État : Des mesures incitatives, telles que des facilités fiscales ou des aides aux cimentiers, pourraient être mises en place pour stimuler la production et la consommation.
- La relance des grands projets d’infrastructure : Un redémarrage rapide des chantiers publics et privés permettrait d’absorber une partie de la production excédentaire et de relancer l’activité.
- Le renforcement de la compétitivité à l’exportation : Une amélioration des chaînes logistiques et une diversification des marchés pourraient aider à pallier la baisse des exportations vers les partenaires traditionnels.
Alors que le Sénégal ambitionne de devenir un hub industriel en Afrique de l’Ouest, la crise du secteur cimentier constitue un défi majeur pour les autorités et les investisseurs. Une réponse rapide et efficace sera nécessaire pour inverser la tendance et assurer la pérennité de cette industrie stratégique.
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