En République démocratique du Congo (RDC), plusieurs provinces sont affectées par des inondations suite à des pluies exceptionnelles ces derniers mois et à une crue du fleuve Congo. À Kinshasa, des habitants de la commune de Ngaliema tentent en ce début d’année 2024 de composer tant bien que mal avec cette montée des eaux. Certains doivent se résoudre à quitter leur domicile. Reportage.
En République démocratique du Congo (RDC), le fleuve Congo est sorti de son lit dans plusieurs zones du pays. Les inondations touchent plusieurs provinces comme l’Équateur, le Kongo-central ou encore Kinshasa. Dans la capitale, plusieurs quartiers ont les pieds dans l’eau. Une situation que le pays n’avait pas connue depuis les années 1960, selon la Régie des voies fluviales.
La commune de Ngaliema, située à l’ouest de la ville, fait partie des lieux particulièrement touchés par la montée des eaux, dans la capitale. Dans le quartier Kinsuka pécheur, RFI a pu constater cette montée à un niveau tel que les différents habitants du quartier disent n’en avoir jamais connu. « C’est une catastrophe », confie Simon Mbuyi Munange, le chef de ce quartier.
Ce sont les habitations qui se trouvent au bord du fleuve qui sont principalement touchées, comme celle de Micheline. Elle était en train, ce vendredi matin, de rassembler ses affaires pour quitter son domicile, « son paradis », comme elle le qualifie. « Ici, normalement, on regarde le fleuve couler et c’est apaisant. Maintenant, je ne peux plus vivre ici. Hier, notre maison n’avait pas encore d’eau, mais ce matin, au réveil, nous étions les pieds dans l’eau ». Des amis sont venus l’aider à déménager. « Je pense que ce sera un déménagement définitif, je ne pense pas revenir ici ».
Des commerçants dépités
Plusieurs commerces aussi le long des rives sont sous les eaux. Au complexe touristique Kinsuka Beach, la piscine se confond presque avec le fleuve et la grande salle de réception sur pilotis est entièrement submergée. Une situation difficile pour son gérant : « Vous le voyiez ? Normalement, nous, on a une jolie plage de sable, une plage naturelle. Et là, la plage a disparu, la terrasse est touchée. On avait mis des sacs de sable pour lutter contre l’érosion, mais là, ça ne sert plus à rien. » Il ajoute que le restaurant tente de rester ouvert, car en cette période de vacances, c’est un lieu assez prisé des Kinois, mais le cœur n’y est plus trop.
Des quartiers plus éloignés ont été aussi inondés par cette montée des eaux. C’est le cas de Pompage. Ici, les deux petites rivières qui se jettent sur le fleuve Congo sont aussi sorties de leur lit. Sous le saute-mouton pompage, plusieurs rues sont désormais inaccessibles, sous l’eau. Le petit pont qui permet d’habitude de traverser est submergé. Il faut donc trouver d’autre solution, explique Michel-Ange, un riverain : « Au début, on pouvait traverser sur le dos des personnes puis l’eau est encore montée. Désormais, ce sont de petites pirogues de fortune ».
Si Michel-Ange a pu passer aujourd’hui, c’est parce qu’il avait assez d’argent pour payer. Ce n’est pas le cas de Junior qui se retrouve bloqué. « Je ne peux plus faire mon business avec toute cette eau. C’est terrible ». Les affaires tournent mal aussi pour Gédéon. Il tient une petite boutique de bureautique. Pour l’instant, l’eau s’arrête à sa porte, mais le mal est déjà fait : « Comme la route est fermée, il n’y a plus de voiture, peu de piétons, donc les gens ne viennent plus dans mon magasin. » Et pour ce commerçant, le changement climatique a son rôle dans ces inondations. « On sait que c’est mondial, ce n’est pas juste ici. On a plus de pluies et donc plus d’inondations. »
Si beaucoup d’habitants de ces quartiers ont déjà quitté leur habitation, pour les autres, c’est toujours l’inquiétude puisque le fleuve continue, disent-ils, de monter chaque jour encore un peu plus. Ce qui n’est pas habituel au mois de janvier où, normalement, le niveau commence à baisser avec l’arrivée de la saison sèche.
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