DEFICIT BUDGETAIRE ET DETTE PUBLIQUE : L’Ansd confirme les chiffres du défunt ministre des Finances, Moustapha Ba

L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a publié, hier, son rapport sur la Situation économique et sociale nationale (Sesn) 2022-2023. Dans sa section économie et finances, le rapport de l’Ansd confirme les chiffres qui ont été publiés par le défunt ministre des Finances et du budget, Mamadou Moustapha Ba.

Lors de sa conférence de presse du 26 septembre 2024, le Premier ministre Ousmane Sonko avait accusé l’ancien régime d’avoir maquillé les chiffres des Finances publiques pour cacher sa politique d’endettement effrénée. «Le régime de Macky Sall a menti au peuple, a menti aux partenaires, a tripatouillé les chiffres pour donner une image économique, financière, qui n’a rien à voir avec la réalité», avait chargé le Premier ministre. En attendant la publication du rapport définitif de la Cour des comptes sur la déclaration générale de conformité pour la gestion 2023, pour confirmer ou infirmer les accusations du Premier ministre contre l’ancien régime, les chiffres publiés par l’Agence nationale de la statistique et du développement (Ansd) ne donnent pas raison au Premier ministre. Ils contredisent même les accusations du chef du gouvernement sur un probable maquillage des chiffres des Finances publiques par l’ancien régime. Par contre, l’Ansd qui a publié, ce 4 février 2025, l’édition 2022-2023 de la Situation économique et sociale du Sénégal, confirme les chiffres du défunt ministre des Finances et du budget, Mamadou Moustapha Ba. Dans un entretien exclusif accordé à L’Observateur du mardi 12 décembre 2023, revenant sur la dette publique du Sénégal, Mamadou Moustapha Ba précisait qu’«en fin décembre 2023, l’encours de la dette publique est projeté à 13 666 milliards FCfa contre 11 782,6 milliards en fin décembre 2022, soit une hausse de près de 16%, ce qui porte la croissance annuelle moyenne de l’encours de la dette à 14,5% sur la période 2012_2023, contre 21,8% entre 2007 et 2012.» Compte non tenu du surfinancement de l’ordre de 604,8 milliards, qui permet au Sénégal de sécuriser en avance une partie de ses besoins de financement de l’année 2024, Moustapha Ba soulignant que le stock de la dette aurait progressé de 10,8% en fin 2023. Rapporté au Produit intérieur brut (Pib) nominal de 2023, l’encours de la dette publique s’élève à près de 72,2% (soit 69,4%, hors surfinancement) en fin décembre 2023 contre 68,2% en fin décembre 2022, soit une hausse de 1,2 point de pourcentage du Pib.
Dans la section du rapport sur l’économie et les finances, l’Ansd renseigne qu’en 2022, les recettes mobilisées par l’Etat du Sénégal ont atteint 4 046,1 milliards FCfa, et s’élèvent à 4 746,5 milliards FCfa en 2023. Au même moment, les dépenses exécutées ont été de 3 957,6 milliards FCfa et 4 359,2 milliards FCfa respectivement, entraînant un besoin de financement de 917,3 milliards FCfa et de 922,8 milliards FCfa, respectivement (Tableau des opérations financières de l’Etat consolidé 2022 et 2023).

«L’encours de la dette publique est arrêté à
11 782,8 milliards de FCfa en 2022 contre 13 797,8 milliards de FCfa en 2023»

Le financement de ce besoin est assuré respectivement par une accumulation nette de passifs d’un montant global de 1 436,4 milliards et 1 728,5 milliards, ainsi que par un passif extérieur de 772,7 milliards et 1 090,1 milliards. Par rapport à l’année 2021, le financement de ce déficit a entraîné une accumulation nette de passifs de 1 031,01 milliards FCfa, soit une diminution de 258,32 milliards en 2022 et de 64,78 milliards en 2023. Ces passifs se répartissent en titres de créances (+273,7 milliards en 2022 et +123,3 milliards FCFA en 2023) et crédits (+498,91 milliards en 2022 et +966,8 milliards FCfa en 2023). Les titres de créances sont passés de 565,9 milliards FCfa en 2021 à 273,7 milliards FCfa en 2022 et 966,8 milliards de FCfa en 2023, soit un recul (absolu) respectif de 292,12 milliards et une augmentation de 400,9 milliards FCfa.
En dépit de la baisse des emprunts obligataires de l’État en 2022, l’Ansd explique que les entreprises privées ont renforcé le marché financier sous régional en mobilisant 261,5 milliards de FCfa. En 2022, les émissions de titres sur le marché régional ont totalisé 1 042,9 milliards FCfa, comprenant 799,2 milliards FCfa pour les emprunts obligataires et 243,6 milliards pour les bons du Trésor. L’encours de la dette de l’administration publique centrale est arrêté à 11 782,8 milliards FCfa, soit 68,4% du PIB en 2022, et à 13 797,8 milliards de FCfa en 2023. En 2022, la dette publique était composée de 10 097,9 milliards FCFA de dette extérieure (85,7%) et de 1 684,8 milliards FCfa de dette intérieure (14,3%). En 2023, la dette extérieure s’élève à 9 244,5 milliards FCfa (67%) et la dette intérieure à 4 553,3 milliards FCfa (33%). Les engagements sous forme de garanties s’élèvent, en cumul, à 649,0 milliards FCfa en 2022 et à 570 milliards FCfa en 2023. Les ressources de financement mobilisées ont atteint 3 392,0 milliards FCfa en 2022 et 3 907,84 milliards FCfa en 2023. Cela représente une augmentation notable de 327,25 milliards FCfa en valeur absolue, soit une progression de 10,2 % en termes relatifs.
La Situation économique et sociale nationale (Sesn) est une publication annuelle qui fait la synthèse des informations statistiques émanant de l’Ansd et des autres structures du Système national statistique (SSN), dans le cadre de l’exécution de leurs tâches quotidiennes. FALLOU FAYE
Publié dans L’observateur du Mercredi 05 Février 2025


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