Face à la montée des menaces sécuritaires en Afrique, le président de l’ONG Horizon Sans Frontières (HSF), Boubacar Sèye, lance un appel pressant aux autorités sénégalaises pour qu’elles « assument un rôle moteur dans la refondation du lien entre immigration, paix et sécurité. » Un plaidoyer qui alerte sur l’ampleur des défis et propose une approche stratégique à l’échelle continentale.
Le communiqué parvenu à PressAfrik souligne la gravité de la situation actuelle, marquée par une instabilité généralisée sur le continent. « Les ressources naturelles africaines, notamment les minerais stratégiques, attisent les convoitises d’acteurs mondiaux engagés dans une compétition géoéconomique féroce », peut-on lire.
Paix fragile
Selon la note, cette course aux ressources contribue à fragiliser les États. Depuis 1990, plus de 19 conflits armés ont éclaté dans 17 pays africains, selon le Centre des études stratégiques pour l’Afrique. La déstabilisation post-intervention en Libye, les transitions militaires au Mali, Burkina Faso, Niger et Guinée sont autant de signes d’un basculement géopolitique majeur.
Dans son analyse, Boubacar Sèye insiste sur la nécessité de repenser le triptyque Immigration – Paix – Sécurité (IPS), longtemps négligé ou mal géré. « Cette défaillance a permis l’émergence d’une économie parallèle criminelle, alimentant le terrorisme, les trafics d’êtres humains, de drogues, d’armes et d’organes », indique le communiqué, rappelant que cette économie informelle pesait déjà plus de 10 milliards de dollars (soit plus de 6500 milliards de francs Cfa) en 2016.
HSF appelle ainsi à une stratégie globale et contextualisée, fondée sur une nouvelle gouvernance des migrations. L’organisation met en garde contre « les liens pervers entre radicalisme religieux, insécurité et certains intérêts politiques, pointant du doigt les complicités entre groupes de pression et décideurs. »
Le Sénégal, modèle de stabilité
Dans un contexte continental en crise, le Sénégal est présenté comme un modèle de stabilité et de mixité culturelle, disposant d’une légitimité pour assumer un rôle de leadership régional. « L’élection d’un nouveau leadership à Dakar a suscité de grands espoirs. Ce moment historique impose des responsabilités. Le Sénégal doit prendre l’initiative », plaide HSF, qui invite les autorités à organiser une conférence africaine de haut niveau. L’objectif est d’harmoniser les positions africaines, bâtir une architecture de paix et de sécurité, et favoriser la convergence sociale entre les peuples.
Enfin, l’ONG insiste sur la nécessité pour les États africains de restaurer leur souveraineté stratégique, à travers une coopération renforcée et des réponses collectives aux menaces transnationales. « La lutte contre l’économie criminelle, la traite humaine, les violences de genre et la circulation illicite des armes exige des politiques coordonnées. Il est temps que l’Afrique parle d’une seule voix sur ces enjeux vitaux », conclut Boubacar Sèye.
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