Le ton est grave du côté de la Société civile sénégalaise. S’exprimant au nom du Consortium des Organisations de la Société Civile, Moundiaye Cissé, Directeur exécutif de l’ONG 3D, a vivement critiqué les conclusions issues du dernier Dialogue national, qu’il qualifie de largement insuffisantes. À ses yeux, les consensus annoncés relèvent davantage du déclaratif que d’un engagement concret vers des réformes durables.
« La véritable discussion débute maintenant », a martelé Moundiaye Cissé, soulignant le danger d’une confusion entre accords de principe et avancées démocratiques réelles.
Selon le Consortium, la majorité des accords issus du Dialogue ne sont pour l’instant que de simples principes généraux, sans traduction technique, juridique ou politique concrète. Parmi les sujets sensibles évoqués :
l’instauration d’un bulletin unique pour les élections, la création d’une institution électorale véritablement indépendante, et la réforme des lois liberticides, à l’image de l’article 80 du Code pénal, souvent accusé de restreindre la liberté d’expression.
Pour éviter que le message principal ne soit dilué, la Société civile a délibérément choisi de ne pas mettre en avant les points de consensus dans son communiqué final. Elle craint que les médias se focalisent sur ces accords partiels, occultant l’essentiel : l’absence de mécanismes clairs de mise en œuvre.
Face à ces insuffisances, le Consortium plaide pour la mise en place d’un groupe multi-acteurs composé de représentants des partis politiques, de la Société civile, de juristes et d’experts techniques. L’objectif : poursuivre les discussions sur les désaccords majeurs et sortir d’un dialogue perçu comme un exercice cosmétique.
« Il ne suffit pas de déclarer des intentions. Il faut un calendrier clair, des mécanismes de suivi et une volonté politique affirmée », insiste Cissé.
Plus largement, la Société civile appelle à une refondation du processus démocratique, estimant que les failles structurelles des institutions électorales et judiciaires restent intactes. Sans réformes sérieuses, le Sénégal court le risque de voir ses engagements politiques disqualifiés par leur propre inaction, à la veille d’échéances électorales cruciales.
Ce coup de semonce vise à rappeler que le Dialogue national ne peut pas être une fin en soi, mais un point de départ. Pour la Société civile, l’enjeu est désormais d’aller au-delà du consensus de façade, et de bâtir un véritable contrat démocratique reposant sur des actions vérifiables, non sur des promesses vagues.
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