Google applique une TVA de 18 % sur ses services numériques au Sénégal dès le 1er juin 2025

À partir du 1er juin 2025, les services numériques de Google seront officiellement assujettis à une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 18 % au Sénégal. L’annonce a été relayée par le journaliste et spécialiste du numérique Basile Niane, via ses réseaux sociaux, citant l’article 355 bis du Code général des impôts comme fondement légal de cette nouvelle disposition.

Cette mesure s’inscrit dans le prolongement de la politique fiscale numérique initiée par l’État sénégalais en juillet 2024, qui avait déjà permis de générer 1,7 million de dollars de recettes fiscales. À travers ce dispositif, le gouvernement entend mobiliser, à moyen terme, près de 10 milliards FCFA dans le cadre du “New Deal Technologique”, une stratégie visant à mieux encadrer et taxer l’économie numérique, tout en stimulant l’innovation locale.

Google, par le biais de sa plateforme publicitaire Google Ads, a déjà commencé à informer ses utilisateurs au Sénégal. L’entreprise précise que « les professionnels assujettis à la TVA devront fournir leurs informations fiscales locales (NINEA ou registre de commerce) » afin de mettre à jour leur profil de facturation. Le NINEA sera désormais visible sur les factures, ce qui officialise la transparence fiscale exigée par les autorités sénégalaises.

Des conséquences pour les créateurs de contenus et consommateurs

Si cette mesure vise à renforcer la souveraineté fiscale du pays dans le domaine numérique, elle soulève également des inquiétudes. Basile Niane alerte notamment les créateurs de contenus, les youtubeurs et les utilisateurs de Google Ads : « Les youtubeurs, créateurs de contenus et consommateurs, je ne vous plains pas. Ce sera trop chaud pour tous. »

En d’autres termes, cette fiscalité risque d’alourdir les charges des professionnels du numérique et de limiter l’accessibilité des services numériques aux consommateurs locaux, surtout dans un contexte où les revenus publicitaires peuvent rester faibles comparés aux standards internationaux.

Au-delà des inquiétudes immédiates, Basile Niane soulève un point crucial : la stratégie du gouvernement reste centrée sur la consommation, sans s’attaquer au cœur de la création de valeur des géants du numérique (GAFAM). « Le Sénégal, avec l’implication de tous les acteurs du secteur, aurait tout intérêt à capter une partie de la valeur ajoutée générée localement par les services des GAFAM, plutôt que de se limiter à l’application de la TVA aux seuls consommateurs », soutient-il.

Ce débat relance la question d’une fiscalité plus juste et inclusive dans le secteur numérique. Alors que de nombreux pays africains cherchent encore le bon modèle pour taxer les géants du Web sans freiner l’innovation locale, le Sénégal fait figure de pionnier. Mais l’équilibre reste fragile : comment taxer les plateformes tout en soutenant les créateurs locaux ? La réponse pourrait venir d’une réforme plus large, co-construite avec les différents acteurs de l’écosystème numérique.


En savoir plus sur LE DAKAROIS

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur LE DAKAROIS

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture

Quitter la version mobile