Depuis l’arrivée du régime du tandem “Diomaye-Sonko” à la tête du pays, la dénomination de l’Agence Nationale de la Couverture Maladie Universelle (CMU) a été changée en Agence Sénégalaise de la Couverture Sanitaire Universelle (Sen-CSU), par le décret n° 2024-832 du 27 mars 2024. Ce décret fixe également les règles d’organisation et de fonctionnement de cette nouvelle entité. Cependant, depuis sa mise en place, des critiques sur sa gestion émergent, notamment dans le département de Guinguinéo, région de Kaolack.
“De la couverture maladie universelle à la couverture sanitaire universelle, le brouillard n’a fait que trop durer. Sur les bases de la CMU devait renaître la CSU, avec des attentes accrues pour les populations des secteurs informel et rural”, a expliqué Mamadou Ba, vice-président du conseil d’administration de la mutuelle de santé départementale de Guinguinéo, lors d’une conférence de presse.
Mamadou Ba a rappelé que la CMU, en ce qui concerne l’assurance maladie, était bien soutenue par les mutuelles de santé communautaires réparties sur tout le territoire national. Toutefois, malgré les performances enregistrées entre 2018 et 2022, notamment en termes de subventions promises par l’État (qui s’élèvent à 24 milliards de francs CFA), de nombreux défis persistent.
En 2013, l’État avait entrepris une réforme portant sur la départementalisation de l’assurance maladie, mais aucune mesure d’accompagnement n’avait été mise en place pour soutenir les mutuelles de santé. “Aujourd’hui, plusieurs interrogations subsistent : quel sera le nouveau format des cotisations pour les bénéficiaires ? La subvention va-t-elle cesser ? Quelle sera la place des mutuelles de santé dans le nouveau dispositif de la CSU ?” s’est interrogé Mamadou Ba.
De plus, les subventions attendues pour l’année 2023 tardent encore à être versées, ce qui impacte considérablement le fonctionnement des mutuelles de santé. Dans le département de Guinguinéo, bien que les populations et les collectivités locales aient largement adopté et soutenu le programme, certaines prestations commencent à être suspendues en raison du manque de ressources.
Malgré ces défis, les prestataires de soins, notamment les postes de santé, centres de santé et pharmacies, continuent de collaborer étroitement avec les mutuelles. Cependant, Mamadou Ba exprime son inquiétude : “Nous, mutualistes de santé communautaires, sommes déboussolés. L’État, à travers la délégation de gestion, entend prendre directement en charge une partie importante de nos bénéficiaires, notamment ceux des bourses familiales et des cartes d’égalité des chances.”
En outre, Mamadou Ba déplore le manque de dialogue entre les acteurs impliqués dans la mise en œuvre de la CSU, une situation qui freine l’amélioration de ce programme crucial pour les populations vulnérables.
Les acteurs des mutuelles de santé appellent les nouvelles autorités à faire preuve de diligence et à clarifier les modalités de gestion de la CSU. “Nous espérons que la subvention de 2023 sera versée rapidement et que des mesures concrètes seront prises pour garantir la pérennité de ce programme de protection sociale essentiel”, conclut Mamadou Ba.
Ainsi, alors que la transition de la CMU vers la CSU était censée renforcer le système de couverture sociale, elle semble pour l’instant engendrer davantage de questionnements et d’incertitudes parmi les bénéficiaires et les acteurs locaux.
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