Ce jeudi 8 mai à l’Assemblée nationale, lors de la session consacrée à la mise en accusation de cinq anciens ministres devant la Haute Cour de justice, le député Guy Marius Sagna a livré un discours frontal, dénonçant un système enraciné de corruption et de compromission au sein même de l’Administration publique. En s’adressant à ses collègues parlementaires, il a affirmé sans détour : « L’impunité des grands entraîne l’incivisme des petits. » Pour lui, l’indulgence ou la complaisance à l’égard des dérives dans les hautes sphères du pouvoir alimente un sentiment généralisé de non-respect des lois et des institutions.
Le député a mis en cause non seulement les anciens ministres visés par la procédure judiciaire, mais aussi les fonctionnaires qui, selon lui, ont fermé les yeux, voire participé activement à ces malversations. Il a déclaré que la corruption et les détournements n’ont pas été perpétrés par des ministres isolés, mais ont été facilités par des complices au sein de l’appareil administratif. « Quand certains ministres volaient, ils se sont tus et ont bénéficié de cet argent volé. Ils ont été des complices », a-t-il accusé, appelant à une réforme urgente de la fonction publique et à une redéfinition claire de la responsabilité des agents de l’État.
Abordant les affaires impliquant les DAGE (Directeurs de l’Administration générale et de l’Équipement), il a souligné que certains n’hésitent pas aujourd’hui à incriminer directement les ministres. Pour lui, cela démontre l’ampleur du système de défaillance collective. « Ceux qui ont volé l’argent du pays devront le payer », a-t-il martelé, exhortant les fonctionnaires à revoir leur comportement et à assumer pleinement leurs responsabilités.
Le parlementaire a également dénoncé l’enrichissement rapide et injustifié de certains hommes politiques. Il a rappelé qu’au Sénégal, il est fréquent de voir des responsables publics passer en quelques mois d’une situation modeste à un train de vie extravagant. « Quand ils ont commencé leur carrière, ils n’avaient même pas de charrette ni de vélo. Trois mois après leur entrée au gouvernement, ils roulent en 4×4 de luxe et possèdent des villas », a-t-il déploré. Il a ajouté que les Sénégalais fortunés de manière honnête n’ont rien à craindre, mais que « celui qui possède une pomme de terre ou un lopin de terre volé, lui, doit trembler. »
Guy Marius Sagna a aussi mis en lumière le poids du clientélisme social dans la corruption quotidienne. Il a dénoncé les sollicitations permanentes adressées aux ministres pour des dépenses personnelles, sociales ou coutumières : « Chaque jour, on leur demande de l’argent pour des baptêmes, des mariages, des funérailles ou des parrainages. Où vont-ils chercher cet argent ? Il faut que cela cesse. »
S’adressant enfin au ministre Abass Fall, il a lancé un avertissement clair à l’ensemble du gouvernement. Rappelant qu’il est lui-même poursuivi pour deux climatiseurs, il a souligné que personne ne sera épargné : « Que les ministres sachent que même s’ils prennent deux cuillères, on les poursuivra. De même que les directeurs généraux, même s’ils volent deux biscuits, ils seront eux aussi poursuivis. »
En conclusion, le député a appelé à une prise de conscience collective, insistant sur la responsabilité de chaque citoyen dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance : « Ce qui se passe dans ce pays nous concerne tous. Chacun a un rôle à y jouer. »
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