Le maire de la commune de Kaolack, M. Serigne Mboup, a plaidé pour que l’élevage devienne un moteur durable de l’autonomie alimentaire du Sénégal. Prenant la parole devant le Président de la République lors de la Journée nationale de l’élevage, dont le thème était “La valorisation des produits d’origine animale, stimulateur de la souveraineté alimentaire au Sénégal”, il a dénoncé la dépendance du pays vis-à-vis des importations de produits laitiers.
“Prenons l’exemple d’une simple vache laitière au Sénégal. Elle incarne paradoxalement un pays qui pourrait être autosuffisant, mais qui reste dépendant d’une production européenne dépouillée de toutes ses valeurs nutritionnelles et importée à des prix subventionnés à hauteur de 90 % pour être vendue sous forme de poudre au peuple sénégalais, au détriment de notre production locale. Comment peut-on imaginer que le lait des producteurs de Nouvelle-Zélande, un pays situé à 15 000 km, soit disponible dans nos boutiques de quartier, alors que le lait produit à Daara Djoloff, au Fouta ou même dans le Saloum ne l’est pas ?”, s’est interrogé le maire de Kaolack.
Selon lui, ce phénomène ne touche pas seulement l’élevage, mais affecte également d’autres secteurs stratégiques comme l’industrie huilière et le textile. “Nos matières premières brutes sont exportées, tandis que nous importons des produits finis. Mais nous avons aujourd’hui une opportunité unique de renverser cette tendance. Certes, des avancées ont été réalisées, notamment avec certaines industries et le programme Anipal, mais cela reste insuffisant pour garantir notre souveraineté alimentaire.”
Un appel à repenser le rôle du secteur informel
Par ailleurs, Serigne Mboup a attiré l’attention du Chef de l’État sur les malentendus persistants entre l’administration et le secteur informel.
“Un grand malentendu existe entre l’Administration et cet important maillon du secteur privé. Le secteur informel, souvent représenté par les Modou-Modou et les Baol-Baol, n’est pas suffisamment compris par les pouvoirs publics. Une méfiance réciproque subsiste. Les acteurs informels craignent que leur modernisation n’engendre qu’une augmentation des impôts, sans contrepartie tangible de la part de l’Administration.”
Il a rappelé que, malgré 25 ans de tentatives de structuration et de modernisation du secteur informel, le problème demeure entier. Toutefois, il a souligné le rôle proactif des chambres de commerce dans l’organisation du tissu économique, notamment à travers des initiatives comme la Maison de l’Entreprise et le Centre de gestion et de développement des PME.
Monsieur le Président, c’est fort de tout cela que je vous suggère respectueusement d’instituer la “Semaine des Chambres Consulaires”, a proposé le maire de Kaolack.
Un plaidoyer pour un nouveau modèle de financement
En tant que président de l’Union nationale des chambres de commerce, Serigne Mboup a insisté sur la nécessité de repenser le modèle de financement du secteur privé. Il a rappelé que ce dernier contribue à de nombreux prélèvements obligatoires (COSEC, Caisse de Sécurité Sociale, IPRES, Fonds de l’Emploi, Caisse des Dépôts et Consignations, etc.), qui pourraient jouer un rôle clé dans le développement économique et la réalisation d’infrastructures. Il a cependant plaidé pour une révision du mode de fonctionnement et de la mutualisation de ces fonds.
“Le développement local est indissociable du dynamisme du secteur productif. Nous avons réussi à optimiser nos ressources, économisant ainsi 60 % de nos revenus. Cela nous a permis, entre autres, de mettre en place un service municipal de travaux publics, grâce notamment à l’appui du génie militaire, du commandant de zone, du gouverneur et du préfet, que nous remercions vivement. Cette initiative a considérablement réduit notre dépendance aux prestataires externes. Toutefois, les collectivités ont besoin d’un appui plus conséquent pour être de véritables relais de votre politique nationale.”
Un budget en hausse, mais des défis financiers persistants
Kaolack dispose aujourd’hui d’un budget qui est passé de 4 à 8 milliards de FCFA, dont plus de 5 milliards sont consacrés aux investissements. Toutefois, entre les marges des fournisseurs, la TVA, les impôts et les charges salariales, plus de 2 milliards sont absorbés, limitant ainsi la capacité d’action de la municipalité.
Pour pallier ces défis, le maire de Kaolack a demandé au Chef de l’État de repenser les modes de financement des collectivités locales en intégrant de nouvelles ressources et en restaurant la police municipale.
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