Levée de l’immunité parlementaire de Moustapha Diop : la justice sénégalaise resserre l’étau autour des anciens ministres

L’Assemblée nationale du Sénégal a voté la levée de l’immunité parlementaire de Moustapha Diop, ancien ministre du Développement industriel et actuel député-maire de Louga. Cette décision intervient dans le cadre de l’enquête sur la gestion du Fonds Force Covid-19, un fonds spécial mis en place pour faire face aux conséquences sanitaires et économiques de la pandémie.

Moustapha Diop est soupçonné de détournement de deniers publics portant sur un montant de 2,5 milliards de francs CFA. Une accusation grave, qui marque une nouvelle étape dans les enquêtes visant plusieurs anciens responsables du régime de l’ex-président Macky Sall.

Réagissant à la levée de son immunité, Moustapha Diop a minimisé les faits qui lui sont reprochés, qualifiant la somme en question de « modique ». « Les 2,5 milliards, c’est 0,025 % des fonds. C’est comme prendre une tasse d’eau de la mer », a-t-il déclaré, avant de s’interroger : « Où sont ceux qui avaient 500 milliards, 400, 300 milliards. Pourquoi moi ? »

Cette sortie a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux et dans les médias. Beaucoup y voient une tentative de relativiser la gravité des faits ou de détourner l’attention, alors que la justice tente d’établir les responsabilités dans la gestion opaque du fonds.

Avec la levée de son immunité parlementaire, Moustapha Diop pourra désormais être entendu par les autorités judiciaires. Il pourrait être traduit devant la Haute Cour de justice, la juridiction compétente pour juger les membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.

Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de reddition des comptes, dans lequel plusieurs anciens ministres sont dans le viseur de la justice. Le gouvernement actuel affirme vouloir faire toute la lumière sur l’utilisation des 1 000 milliards de francs CFA mobilisés pendant la crise sanitaire.

Pour de nombreux Sénégalais, cette série d’enquêtes marque un tournant dans la lutte contre la corruption et l’impunité. La gestion du Fonds Force Covid-19 avait déjà fait l’objet de rapports accablants de la Cour des comptes, dénonçant de graves irrégularités dans l’attribution de marchés et l’utilisation des fonds.

Alors que l’opinion publique attend des actes forts, l’affaire Moustapha Diop pourrait faire figure de test pour les institutions judiciaires et politiques du pays. Elle pose également la question de la responsabilité collective dans la gestion des ressources publiques en période de crise.

Affaire à suivre.


En savoir plus sur LE DAKAROIS

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur LE DAKAROIS

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture

Quitter la version mobile