Me Aïssata Tall Sall critique le rapport de la Cour des Comptes : « C’est un document qui souffre dans le fond, la forme et la finalité »

La publication du rapport d’audit de la Cour des Comptes sur la gestion de l’État entre 2019 et mars 2024 continue de susciter des réactions vives au sein de la classe politique. Après les critiques formulées par l’Alliance pour la République (APR) contre la publication du rapport dans le cadre de l’initiative « Jub, Jubal, Jubbanti », c’est au tour de Me Aïssata Tall Sall de monter au créneau. La présidente du groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal et membre influente de l’APR a tenu, ce jeudi, un point de presse au cours duquel elle a remis en question la crédibilité du document et dénoncé ce qu’elle considère comme un travail biaisé.

Selon l’ancienne ministre de la Justice sous Macky Sall, le rapport de la Cour des Comptes « souffre dans le fond, la forme et la finalité ». D’entrée de jeu, elle a pointé du doigt des « incongruités et incohérences », qui, selon elle, jettent un discrédit sur la démarche adoptée par l’institution de contrôle des finances publiques.

Sur la forme, Me Aïssata Tall Sall déplore l’absence de prise en compte des observations des anciens ministres des Finances ayant exercé durant la période couverte par l’audit. Selon elle, il aurait été plus juste d’inclure les éléments de réponse de ces ministres avant de publier le document. « Il aurait fallu interroger ceux qui ont eu à gérer ces ressources publiques et leur permettre d’apporter des clarifications. Ce travail n’a pas été fait par la Cour des Comptes », a-t-elle regretté.

L’ancienne ministre va plus loin en s’interrogeant sur l’authenticité même du document, soulignant l’absence de signatures officielles. « On peine à savoir qui a revendiqué la paternité de ce document », a-t-elle dénoncé, insinuant ainsi un possible manque de transparence dans le processus d’élaboration du rapport. Pour elle, un document d’une telle importance aurait dû être signé par les magistrats en charge de l’audit afin d’éviter toute contestation sur son origine et sa validité.

Sur le fond, Me Aïssata Tall Sall estime que la Cour des Comptes ne fait que se répéter et que ce rapport n’apporte rien de nouveau. Elle rappelle que des audits similaires ont déjà été réalisés sous l’ancien régime et que la Cour ne fait que réutiliser des données anciennes pour justifier des conclusions déjà établies d’avance. « Ce rapport semble vouloir imposer de nouveaux chiffres pour ternir l’image des responsables de l’ancien régime », a-t-elle accusé, affirmant que cette démarche s’inscrit dans une volonté de nuire politiquement aux anciens dignitaires du pouvoir.

La sortie de Me Aïssata Tall Sall vient ainsi renforcer la ligne défensive de l’APR face aux accusations de mauvaise gestion portées contre le régime de Macky Sall. Alors que le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye promet des poursuites judiciaires contre les auteurs présumés de malversations financières, l’ancienne ministre de la Justice considère que ces accusations relèvent davantage d’un agenda politique que d’une réelle volonté d’assainissement des finances publiques.

Les débats autour de ce rapport risquent donc de se prolonger, entre un gouvernement déterminé à faire toute la lumière sur la gestion passée et une opposition qui dénonce une chasse aux sorcières. Pendant ce temps, l’opinion publique reste divisée entre ceux qui réclament des sanctions exemplaires et ceux qui voient dans cette affaire une instrumentalisation politique des institutions judiciaires et financières du pays.


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