Le Sénégal reste confronté à une tragédie humaine persistante malgré deux décennies d’efforts acharnés contre la migration irrégulière. En 2024, plus de 100 corps sans vie ont été repêchés au large des côtes sénégalaises. Ces victimes ont péri dans des naufrages de pirogues survenues lors de tentatives de traversée vers l’Europe. Ce chiffre glaçant, révélé par Modou Diagne, contrôleur général de police et secrétaire permanent du Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière, ne reflète que partiellement l’ampleur du drame, car de nombreuses autres personnes restent encore portées disparues en mer.
Lors d’une cérémonie à Diourbel, organisée à l’occasion de l’installation des comités régional et départemental de lutte contre la migration irrégulière, Modou Diagne a précisé que 105 corps avaient été retrouvés en 2024. Il a également rappelé que cette initiative de territorialisation de la lutte vise à responsabiliser davantage les collectivités locales et les organisations communautaires de base, qui sont souvent en première ligne face aux jeunes candidats au départ. Le secrétaire permanent a insisté sur l’urgence de déconstruire l’illusion d’un eldorado européen et de renforcer la sensibilisation à travers tout le territoire.
Pour tenter de freiner les départs, l’État sénégalais mise sur des mesures concrètes : développement de centres de formation professionnelle, promotion de projets agricoles, et création de nouvelles opportunités économiques. L’objectif est de fournir à la jeunesse sénégalaise des alternatives viables à l’émigration clandestine. D’après des chiffres rapportés par l’Agence de presse sénégalaise (APS), plus de 71 000 migrants ont été portés disparus dans le monde entre 2014 et 2024, révélant l’ampleur du désespoir qui pousse ces jeunes à braver les périls de l’océan au risque de leur vie.
Sur le plan régional, la Mauritanie a durci sa politique migratoire au début de l’année 2025. Plus de 30 000 migrants ont été interceptés sur son sol entre janvier et avril, selon les données rapportées par InfoMigrants et appuyées par l’agence européenne Frontex. Devenue depuis 2023 un point de départ stratégique vers les îles Canaries, la Mauritanie a renforcé les contrôles dans les grandes agglomérations et sur les axes routiers.
Abdoulaye Diallo, président de l’association « Ensemble pour un avenir meilleur », décrit une situation tendue. Il affirme que des refoulements ont lieu quotidiennement, et que des hommes sont arrêtés parfois jusque dans leurs maisons ou sur leur lieu de travail. Les autorités mauritaniennes indiquent avoir démantelé 88 réseaux de passeurs en seulement quatre mois, une offensive d’envergure contre les filières de trafic de migrants.
Du côté européen, Frontex note une baisse de 25 % des franchissements irréguliers aux frontières extérieures de l’Union européenne entre janvier et avril 2025. Sur la route ouest-africaine menant aux îles Canaries, les arrivées ont chuté de 34 %, s’établissant à 10 400 migrants. Les nationalités les plus représentées parmi les migrants interceptés restent les Maliens, les Sénégalais et les Guinéens.
Malgré ces chiffres encourageants pour les autorités européennes, la crise migratoire demeure un défi humain, social et politique majeur. Elle continue d’alimenter des drames quotidiens dans les foyers africains, où la jeunesse reste souvent confrontée à un avenir incertain, miné par le chômage, l’instabilité et l’absence de perspectives locales solides.
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