Nouvelle forme de transhumance : Sànk Sa Kaddu

Dans l’histoire du Sénégal, nos ancêtres et figures de référence, tels que Cheikh Ahmadou Bamba, Lat Dior Diop et d’autres grands noms de notre patrimoine, ont incarné des valeurs profondes d’honorabilité, de respect de la parole donnée et de fidélité à leurs engagements. Ces leaders, par leur sagesse et leur bravoure, ont montré l’importance de la constance et de la loyauté, non seulement envers la famille et la communauté, mais aussi envers la nation. Cheikh Ahmadou, par exemple, a toujours prôné le respect des engagements, une valeur intemporelle qui devrait être un modèle pour les hommes et femmes politiques actuels. Lat Dior, pour sa part, a sacrifié sa vie pour démontrer que l’on ne trahit pas son peuple, que l’on ne renie pas ses valeurs, et que l’on ne se laisse pas manipuler par la peur. Il a montré qu’un combat de principes mérite d’être mené jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix. Même son cheval, « Malaw », s’inscrivait dans cette lignée. Il n’a pas cédé face aux colons, refusant de voir le chemin de fer que combattait Lat Dior : « Malaw guisoul rail bi ».

Cependant, aujourd’hui, ces valeurs de « ngor, gore, jom, fit, soutoura », qui ont longtemps été les piliers de notre société, se font de plus en plus rares. Elles semblent disparaître peu à peu, non seulement dans la sphère sociale, mais aussi, et surtout, dans l’arène politique sénégalaise. Jadis, certains politiques choisissaient de quitter leurs partis après une défaite électorale pour rejoindre le camp opposé. Mais ces derniers jours, une nouvelle forme de transhumance a vu le jour, encore plus indécente et humiliante que celle à laquelle nous étions habitués. Ce phénomène, plus préoccupant encore, consiste à trahir une coalition qui vous a investi sur ses listes électorales pour, en pleine campagne, rejoindre le camp du pouvoir en place. Une telle pratique va à l’encontre de l’éthique morale et politique, car elle implique non seulement un changement d’allégeance dicté par des intérêts personnelsvoire par la peur, mais aussi un acte de duplicité envers ceux qui vous ont fait confiance, en vous inscrivant sur des listes déjà déposées à la Direction générale des élections et, par conséquent, non modifiables.

Cette dérive est symptomatique d’une vision de la politique de plus en plus mercantile, où les principes et idéaux sont relégués au second plan au profit d’ambitions égoïstes. En d’autres termes, au Sénégal, la politique s’est transformée en une quête effrénée du pouvoir à tout prix, où la loyauté et la constance n’ont plus leur place. La politique, qui devrait être un engagement noble au service de la justice, de l’éthique et de l’intérêt général, est désormais réduite à une lutte pour des positions et des privilèges personnels, où tous les coups sont permis.

Aujourd’hui, plus que jamais, il est crucial de revisiter les valeurs qui ont forgé notre identité collective. Ces valeurs, héritées de nos ancêtres, doivent guider nos actions politiques et nous rappeler que la politique n’est pas une fin en soi, mais un moyen de servir le pays. Elle ne doit pas être perçue comme une simple arène de pouvoir, mais comme un engagement sincère envers la justice sociale, la transparence et le respect des principes démocratiques. La cohésion nationale, qui devrait être l’alpha et l’oméga de tout engagement politique, est mise en péril par des calculs électoraux et des manœuvres opportunistes. Dans cette quête effrénée du pouvoir et des gains politiques, certains acteurs n’hésitent pas à ternir l’image de concitoyens honnêtes, et dévoués, qui ont même consacré l’essence de leur vie au service de la nation.

Moustapha Ba, repose en paix. Que la terre vous soit légère.

Nous avons observé, avec une attention particulière, chaque fois que vous passiez devant l’Assemblée nationale, où votre silhouette imposante devenait un symbole de stabilité. Vous étiez un repère pour ceux qui cherchaient à comprendre les enjeux de la gestion des finances publiques, et vos interventions étaient toujours attendues avec impatience. Vos analyses étaient percutantes, pertinentes, et vos propos sur l’économie, les finances et le développement de notre pays étaient empreints d’une vision claire et déterminée, sans jamais céder à la facilité. Vous naviguiez avec aisance dans les complexités économiques, impressionnant même les plus avertis, tout en restant fidèle aux principes d’équité, de transparence et de service à la nation. Vous compreniez que, derrière les chiffres, se cachaient des vies humaines, des projets et des espoirs. 

N’oublions jamais que la mort est une réalité inévitable, un passage que chacun d’entre nous devra franchir un jour, quelle que soit notre position sociale, notre richesse, notre pouvoir ou nos accomplissements. A aucun moment de notre existence, nous ne sommes à l’abri de ce destin ultime.

Que nos hommes et femmes politiques sachent garder raison, prennent référence sur les leçons de nos ancêtres, ces géants de notre histoire, et mettent un terme à cette transhumance politique ainsi qu’à ces pratiques de dénigrement infondées. Ce n’est qu’en respectant l’honneur que nous pourrons garantir un avenir plus juste et prospère pour notre pays.

Ainsi, disons oui à l’appel de l’honneur, et non à la peur qui fait fuir. L’honneur doit guider notre politique et notre nation.

A bon entendeur !

 

Balla KHOUMA

Docteur en Sciences Economiques


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