Programme ADOS : 3 milliards de FCFA pour améliorer la santé reproductive de 141 000 jeunes au Sénégal

Le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada, en collaboration avec Affaires Mondiales Canada (AMC), a tenu une conférence de restitution le mardi 20 mai 2025 à Dakar pour présenter les résultats du programme « Amélioration de la santé de la reproduction des adolescentes au Sénégal », plus connu sous l’acronyme ADOS. Ce programme, déployé sur une période de cinq ans, a mobilisé un budget global de 3 milliards de francs CFA. Il vise à pallier les insuffisances en matière de données sur la santé reproductive des jeunes et à favoriser l’accès des adolescents, notamment les filles, à des services de santé adaptés à leurs besoins spécifiques.

Le programme ADOS s’inscrit dans un contexte démographique particulier, où près de la moitié de la population sénégalaise est âgée de moins de 19 ans. Ces jeunes représentent à la fois un défi et une opportunité majeure pour les politiques publiques. Selon Eugenia Zorbas, directrice adjointe de la Coopération canadienne, le programme ADOS a permis de mettre en œuvre 16 projets dans 10 régions du pays, touchant environ 141 000 jeunes. En parallèle, 414 décideurs locaux ont été formés aux problématiques de la santé reproductive et des violences basées sur le genre. Par ailleurs, 75 % des relais communautaires impliqués dans le programme ont mené des actions de sensibilisation et de prévention dans leurs localités.

Prenant la parole lors de la conférence, Eugenia Zorbas a mis en lumière l’impact stratégique et durable d’un tel investissement. À ses yeux, promouvoir la santé de la reproduction chez les adolescentes revient à poser les fondations d’un développement équitable, inclusif et durable à l’échelle nationale. Elle a également souligné que la coopération canadienne reste engagée aux côtés du Sénégal pour faire avancer les droits des adolescentes et leur inclusion dans les politiques publiques.

De son côté, Marie-Gloriose Ingabire, directrice régionale du CRDI pour l’Afrique de l’Ouest, a mis en avant l’approche scientifique et fondée sur des données probantes adoptée dans le cadre du programme ADOS. Elle a déploré que les problématiques de santé de la reproduction soient encore trop souvent abordées sous l’angle des femmes adultes, en négligeant les adolescentes. Selon elle, il est impératif de reconnaître que l’accès à une santé reproductive de qualité constitue non seulement un droit fondamental, mais également un levier d’autonomisation et de participation active des jeunes filles dans la société.

Maguette Dia, cheffe de la division Santé adolescent au ministère de la Santé, a salué la contribution du programme ADOS aux efforts du gouvernement sénégalais. Elle a rappelé que de nombreux adolescents n’ont toujours pas un accès adéquat aux services de santé, adaptés à leurs préoccupations spécifiques. Elle a cité parmi les principaux défis les difficultés liées à la gestion de l’hygiène menstruelle, les violences sexuelles, les mariages précoces, les grossesses en milieu scolaire, ainsi que les mutilations génitales féminines. Elle a également insisté sur les obstacles majeurs rencontrés en milieu rural, où la stigmatisation et les normes sociales rendent l’accès aux soins encore plus difficile pour les jeunes.

Pour conclure, Marie-Gloriose Ingabire a souligné la dimension intersectorielle du programme ADOS, affirmant qu’aucun secteur à lui seul ne peut relever les multiples défis posés par la santé reproductive des jeunes. Elle a plaidé pour une mobilisation concertée de l’ensemble des acteurs concernés : chercheurs, jeunes, autorités locales, leaders religieux, associations communautaires. Selon elle, seule une approche inclusive et participative permettra de mettre en place des réponses réellement efficaces et durables aux besoins des adolescents sénégalais.


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