Le secteur stratégique de la réparation navale au Sénégal s’apprête à connaître un tournant décisif. L’État, à travers la Société des infrastructures de réparation navale (Sirn), a lancé un appel public à candidature international pour un partenariat public-privé de 20 ans portant sur le financement, l’exploitation et la maintenance des chantiers navals de Dakar. Cette décision marque la fin annoncée du contrôle exercé depuis 1999 par la société portugaise Lisenave à travers Dakarnave.
Depuis plusieurs décennies, Lisenave bénéficie d’un contrat qualifié de “léonin” par de nombreux observateurs, y compris les corps de contrôle de l’État. En effet, les termes de l’accord ont longtemps suscité des critiques, notamment en raison de la faible part des revenus reversés au Sénégal. À titre d’exemple, pour l’exercice 2024, Dakarnave a généré un chiffre d’affaires de 20 milliards de FCFA, tandis que la Sirn, représentant l’État, n’a perçu que 1 % de ce montant, soit 200 millions de FCFA.
Face à cette situation jugée inacceptable, l’actuel président Bassirou Diomaye Faye a décidé de reprendre le processus de sélection d’un nouvel exploitant. Une première tentative avait été faite, mais le chef de l’État a exigé l’annulation de la procédure afin d’assurer une transparence totale.
L’appel public à candidature, publié dans le quotidien national Le Soleil, ouvre ainsi la voie à une refonte complète du modèle de gestion des chantiers navals de Dakar. Les entreprises intéressées ont jusqu’au 25 mars prochain pour soumettre leurs dossiers de préqualification à la Sirn.
Cette réforme vise plusieurs objectifs :
• Augmenter la part des revenus de l’État en garantissant une meilleure répartition des bénéfices tirés de l’exploitation des infrastructures.
• Améliorer la compétitivité du secteur en attirant un investisseur capable d’apporter des innovations technologiques et des normes de gestion modernes.
• Créer plus d’emplois locaux et favoriser le transfert de compétences aux travailleurs sénégalais.
En attendant la désignation d’un nouvel opérateur, Lisenave, dont le contrat a expiré en juin 2024, pourrait voir son bail temporairement prolongé. Toutefois, cette prolongation, nécessaire pour éviter un arrêt brutal des activités, pose une question cruciale : à quel coût pour l’économie nationale ?
La fin du monopole de Lisenave est perçue comme une opportunité pour le Sénégal de reprendre le contrôle d’un secteur stratégique. La décision du gouvernement d’ouvrir une nouvelle compétition internationale vise à garantir une gestion plus équitable et profitable à l’économie nationale.
Alors que le processus suit son cours, la vigilance reste de mise pour s’assurer que cette réforme aboutisse à un partenariat bénéfique et durable, mettant fin à des décennies de déséquilibre économique dans l’exploitation des chantiers navals de Dakar.
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