Suivez-nous

Justice

Sénégal – Indemnisations controversées post-émeutes : un parfum de scandale financier en pleine transition

À peine le rideau tombé sur la présidentielle du 24 mars 2024, qui a vu l’élection de Bassirou Diomaye Faye, l’État sénégalais a autorisé, dans une étonnante précipitation, le versement de près de 6 milliards de francs CFA à deux sociétés privées. Officiellement, il s’agit de compensations pour des dégâts causés lors des émeutes du 9 février, survenues dans le sillage du report controversé du scrutin. Mais la forme, le fond et le timing de ces indemnisations suscitent un malaise croissant, relayé notamment par les révélations de L’Observateur.

Les bénéficiaires, Synergies Afrique (4,9 milliards) et Henan Chine (791 millions), ont perçu ces sommes sous forme de Certificats nominatifs d’obligation (CNO), émis le 26 mars 2024 — soit deux jours seulement après l’élection présidentielle. Cette célérité interroge. En période de transition, l’administration est censée se limiter à la gestion des affaires courantes. Or, débourser une telle enveloppe, dans un contexte de changement de régime et d’incertitude institutionnelle, soulève inévitablement la question de la légalité et de l’opportunité de la démarche.

S’ajoute à cela un autre point de friction : la logique même des indemnisations. Pourquoi l’État s’arrogerait-il un rôle de garant pour des entreprises potentiellement assurées contre les risques de vandalisme ou d’émeute ? À ce stade, la Cour des comptes aurait, selon L’Observateur, exprimé de sérieuses réserves sur la régularité de ces décaissements.

Dans l’opinion publique, ce montage financier évoque moins un geste de solidarité post-crise qu’un possible coup de balai budgétaire orchestré par le régime sortant, à la veille de sa sortie. Une manœuvre aux allures de liquidation de dernière minute, qui pourrait bien dissimuler d’autres faveurs opaques ou des tentatives de verrouillage politico-économique avant le passage de témoin.

Une enquête approfondie semble désormais inéluctable pour établir les responsabilités et clarifier les bénéficiaires réels — car derrière les raisons avancées, l’odeur de favoritisme et d’improvisation politique est tenace. En pleine phase de refondation républicaine, Diomaye Faye et son équipe sont désormais face à un choix : enterrer discrètement l’affaire, ou en faire un cas d’école pour affirmer leur rupture avec les pratiques opaques de leurs prédécesseurs.


En savoir plus sur LE DAKAROIS

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Publicité

Facebook

BUZZ

À voir

Plus dans Justice

En savoir plus sur LE DAKAROIS

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture