Suspension de la pêche européenne au Sénégal : un tournant pour le secteur halieutique local

L’Union européenne a annoncé que ses bateaux cesseront leurs activités de pêche dans les eaux sénégalaises dès dimanche 17 novembre à minuit, en raison de l’absence de renouvellement de l’accord de partenariat en matière de pêche avec le Sénégal, arrivé à échéance. Cette décision intervient après que Bruxelles a notifié des « défaillances » au Sénégal concernant la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN).

En vigueur depuis 2019, cet accord permettait à 18 navires européens, principalement espagnols et français, de pêcher des espèces comme le thon tropical et le merlu dans la zone économique exclusive (ZEE) du Sénégal. Cependant, l’Union européenne, engagée dans une politique de « tolérance zéro » contre la pêche INN, a décidé de suspendre toute activité jusqu’à ce que des mesures correctives soient apportées.

Jean-Marc Pisani, ambassadeur de l’UE à Dakar, a expliqué que cette décision s’inscrit dans une volonté de préserver les ressources halieutiques et d’harmoniser les politiques de lutte contre la pêche illégale : « Il ne serait pas cohérent de renouveler un accord avec un pays qui fait face à des difficultés avérées dans ce domaine », a-t-il déclaré.

La pêche constitue un pilier essentiel de l’économie sénégalaise, fournissant des emplois directs ou indirects à environ 600 000 personnes. Le secteur, dominé par des pêcheurs artisans utilisant des pirogues traditionnelles, représente une source de subsistance pour de nombreuses communautés côtières. Pourtant, les pêcheurs locaux dénoncent régulièrement la concurrence déloyale des navires industriels, souvent accusés de surexploitation des ressources et de contribuer à la raréfaction du poisson.

L’arrêt temporaire des activités de pêche des navires européens pourrait constituer une opportunité pour les pêcheurs artisanaux de récupérer une partie des stocks halieutiques, en particulier pour des espèces fortement exploitées comme le thon et le merlu. Néanmoins, cette suspension ne met pas fin à la pression exercée sur les ressources marines, d’autant que les bateaux européens pourront continuer de pêcher dans les eaux des pays voisins, tels que la Mauritanie, la Gambie ou la Guinée-Bissau.

La suspension de cet accord soulève des questions cruciales sur la gestion des ressources maritimes au Sénégal. Les experts rappellent que les pratiques de pêche non durable menacent non seulement la biodiversité marine, mais aussi la sécurité alimentaire des populations locales. La lutte contre la pêche illégale reste donc un enjeu central pour le gouvernement sénégalais, qui doit renforcer la surveillance de ses eaux territoriales et améliorer la transparence dans l’attribution des licences de pêche.

Face à cette situation, les autorités sénégalaises sont appelées à repenser leur stratégie de gestion des ressources halieutiques pour trouver un équilibre entre l’exploitation économique et la préservation des écosystèmes. Les acteurs locaux demandent également une plus grande implication dans les décisions concernant l’accès aux ressources maritimes, afin de mieux protéger les intérêts des pêcheurs artisanaux.

Le non-renouvellement de l’accord marque un tournant dans les relations entre le Sénégal et l’Union européenne, partenaire commercial majeur. Cette suspension pourrait être l’occasion de redéfinir les termes de la coopération dans le secteur de la pêche, en intégrant des exigences plus strictes en matière de durabilité et de transparence.

Pour l’heure, l’impact économique à court terme reste incertain, mais la décision européenne pourrait être un signal fort en faveur d’une meilleure gestion des ressources halieutiques, au bénéfice des populations locales. Le gouvernement sénégalais devra rapidement s’adapter à ce nouveau contexte et intensifier ses efforts pour lutter contre la pêche illégale et renforcer la résilience du secteur artisanal.

En attendant, les pêcheurs sénégalais, sur leurs pirogues traditionnelles, espèrent que cette suspension permettra une amélioration des stocks et une meilleure prise en compte de leurs besoins dans les futures négociations avec l’Union européenne.


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