Après près de 25 ans d’un règne autoritaire, Bachar al-Assad, souvent qualifié de « tyran », a quitté la Syrie, laissant derrière lui un pays ravagé par la guerre et une capitale, Damas, aux mains des forces rebelles. Cet événement marque un tournant majeur dans l’histoire récente de la Syrie, après plus d’une décennie de conflit sanglant qui a coûté la vie à des centaines de milliers de personnes et déplacé des millions d’autres.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Bachar al-Assad aurait quitté Damas à bord d’un avion privé dans la nuit de samedi à 22 heures (19 heures GMT). La destination exacte reste inconnue, bien que des spéculations pointent vers trois options : la Russie, soutien militaire et diplomatique majeur du régime ; l’Iran, allié clé sur le terrain ; ou encore les Émirats arabes unis, qui avaient rétabli leurs relations avec Damas en 2018.
Cette fuite s’est déroulée en parallèle d’une offensive fulgurante des groupes rebelles, qui ont conquis successivement les grandes villes syriennes, notamment Alep, Homs et Hama, avant d’entrer dans la capitale. Selon des témoins, les forces gouvernementales à Damas se sont dispersées dans la confusion.
Avec la disparition soudaine de son chef, l’armée syrienne a cessé toute résistance notable. Des soldats ont abandonné leurs postes, retirant leurs uniformes, tandis que des véhicules militaires ont été laissés à l’abandon dans plusieurs quartiers de la capitale. Des témoignages font état de militaires rassemblés près de barrages désormais contrôlés par les rebelles.
Depuis 2011, le conflit a drastiquement affaibli l’armée syrienne, qui a perdu près de la moitié de ses 300 000 soldats d’avant-guerre. Malgré le soutien de ses alliés russes et iraniens, la capacité de défense du régime s’est révélée insuffisante face à l’offensive organisée des rebelles. Même le Hezbollah, allié pro-iranien, a évacué ses positions stratégiques près de Damas et de la frontière libanaise.
Dans ce contexte chaotique, les rebelles ont proclamé une « nouvelle ère » en Syrie. Pour éviter une désintégration complète de l’État, le Premier ministre sortant s’est déclaré prêt à coopérer pour une transition pacifique. Par ailleurs, le commandant en chef de la coalition rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a appelé ses forces à respecter les institutions publiques, soulignant l’importance d’une transition ordonnée.
Cependant, la tâche qui attend la Syrie est titanesque. Fragmenté par la guerre, le pays doit faire face à des défis immenses : rétablir un État fonctionnel, garantir la sécurité, et reconstruire ses infrastructures. « Le défi principal aujourd’hui, c’est de sortir d’une phase de chaos et de fragmentation », souligne Mohanad Hage Ali, chercheur au centre Carnegie pour le Moyen-Orient.
Les premières déclarations des forces rebelles laissent entrevoir un désir de justice et d’unité. Selon plusieurs observateurs, les insurgés ont été attentifs à maintenir de bonnes relations avec les minorités et à traiter leurs prisonniers avec respect. Si cette approche persiste, elle pourrait poser les bases d’une réconciliation nationale.
Cependant, la reconstruction de la Syrie dépendra aussi du soutien de la communauté internationale, d’autant que les intérêts divergents des puissances régionales et mondiales impliquées dans le conflit pourraient ralentir le processus.
La chute de Bachar al-Assad marque un moment historique pour la Syrie, mais l’avenir du pays reste incertain. Tandis que les Syriens exilés envisagent un possible retour, le pays se trouve à un carrefour : sombrer dans le chaos ou amorcer une transition vers une paix durable. Tout dépendra de la capacité des nouveaux dirigeants à surmonter les divisions et à reconstruire un État capable de répondre aux aspirations de son peuple.
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