Affaire des 125 milliards de FCFA : Implication présumée du Trésor public révélée par la CENTIF

Dans son édition du samedi 1er mars 2025, le journal Libération rapporte des révélations accablantes issues d’un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) concernant l’affaire dite des 125 milliards de FCFA. Selon ce rapport, le Trésor public serait impliqué dans une « association de malfaiteurs », mettant en cause de hauts responsables de la République.

Le rapport de la CENTIF souligne une « collision manifeste » entre des fonds provenant du Trésor et des virements effectués vers des sociétés telles que les SCP Tidiania, Doworou, Haba et Kantong Investment. Ces entités, bien que distinctes en apparence, seraient en réalité liées à des personnalités influentes, notamment le député Farba Ngom. Les enquêteurs soupçonnent que ces sociétés écrans ont été utilisées pour dissimuler des transactions illicites, impliquant des mécanismes sophistiqués de blanchiment de capitaux.

Parmi les principaux acteurs cités, Tahirou Sarr occupe une place centrale. Les investigations révèlent que des fonds reçus par ce dernier, en provenance directe du Trésor public, ont été rapidement transférés à diverses entités, dont certaines appartiendraient à Farba Ngom. Cette chaîne de transactions laisse présumer l’existence de rétrocommissions déguisées, potentiellement versées en échange de la facilitation de marchés publics.

Face à la gravité des accusations, le procureur financier, El Hadj Alioune Abdoulaye Sylla, a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire pour des infractions telles que l’association de malfaiteurs, le blanchiment de capitaux, l’escroquerie portant sur des deniers publics, la corruption et le trafic d’influence. De plus, le Garde des Sceaux a saisi l’Assemblée nationale pour demander la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom, afin de permettre une enquête approfondie.

Il est également important de noter que la Direction générale de la comptabilité publique et du Trésor, ainsi que la Direction générale des Impôts et Domaines, n’ont pas répondu aux réquisitions de la CENTIF, datées du 16 octobre 2024, jusqu’à la transmission du rapport. Cette absence de collaboration soulève des questions quant à la transparence et à l’intégrité des institutions impliquées.

Cette affaire met en lumière des pratiques financières opaques au sein des plus hautes sphères de l’État, et souligne la nécessité d’une vigilance accrue pour préserver les deniers publics et assurer la probité des responsables.

Affaire des 125 milliards : Me Doudou Ndoye rassure sur la procédure mais s’inquiète du fond

Invité de l’émission MNF sur la 7TV, l’avocat Me Doudou Ndoye s’est exprimé sur la procédure judiciaire enclenchée par le ministère de la Justice après la transmission du rapport de la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières) dans l’affaire des 125 milliards de francs CFA.

Selon lui, aucune violation de procédure n’est à signaler. « Pour ce qui est de la procédure, il n’y a rien à dire », a-t-il affirmé d’emblée. Toutefois, l’ancien ministre de la Justice a exprimé ses préoccupations quant au fond du dossier.

Me Doudou Ndoye a souligné l’importance de la requête formulée par les députés Aïssata Tall Sall et Guy Marius Sagna, qui ont insisté pour que la personne mise en cause puisse prendre connaissance des faits qui lui sont reprochés. Une demande qui, selon lui, revêt une importance capitale dans le cadre du respect des droits de la défense.

L’avocat a tenu à rappeler que la loi est claire sur le rôle de la CENTIF, qui est d’enquêter de manière indépendante, sans nécessiter l’avis d’une quelconque autorité avant de transmettre ses conclusions aux instances compétentes. « Il ne faut pas mélanger le droit et la morale. Le droit pour la CENTIF, c’est de faire entièrement son enquête sans l’avis de qui que ce soit », a-t-il précisé.

Cependant, il a souligné un aspect moral du dossier qui mérite réflexion : la personne concernée aurait dû être impliquée dès le début des investigations, notamment en étant informée des faits qui lui sont reprochés.

Cette affaire des 125 milliards continue de faire couler beaucoup d’encre, et les interventions des acteurs politiques et juridiques montrent l’importance du respect des procédures judiciaires, mais aussi des principes fondamentaux du droit à la défense. Alors que l’enquête suit son cours, les débats autour de cette affaire ne sont pas près de s’éteindre.

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