La pression internationale s’intensifie mardi pour un accord de trêve entre Israël et le Hamas incluant une nouvelle libération d’otages, malgré les menaces d’une offensive sur Rafah, dernier refuge pour plus d’un million de Palestiniens de la bande de Gaza. Des pourparlers seraient en cours au Caire sous l’égide de l’Égypte et des États-Unis.
Ce qu’il faut retenir
■ Une délégation israélienne s’est rendu ce mardi au Caire pour de nouveaux pourparlers avec des responsables américains, qataris et égyptiens sur un accord de trêve dans la bande de Gaza. Le chef du Mossad, David Barnea, et le chef du Shin Bet (service de sécurité intérieure), Ronen Bar, y rencontreront notamment le directeur de la CIA, Richard Burns. Joe Biden a annoncé qu’un accord de libération des otages détenus à Gaza, accompagné d’une pause « d’au moins six semaines » dans les hostilités entre Israël et le Hamas, était actuellement en discussion.
■ Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé mardi avoir adopté des « sanctions » à l’encontre de 28 «colons israéliens extrémistes » coupables de « violences contre des civils palestiniens en Cisjordanie ».
■ L’Afrique du Sud a annoncé mardi avoir déposé un nouveau recours auprès de la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire de l’ONU afin qu’elle examine en urgence l’annonce par Israël d’une prochaine offensive militaire sur Rafah et s’oppose si nécessaire à « une nouvelle violation des droits ».
■ Selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, communiqué ce mardi 13 février, 28 473 personnes ont été tuées à Gaza depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023. Il a fait état d’un total de 133 morts au cours des dernières 24 heures. Les victimes sont en majorité des femmes, des adolescents et des enfants. On dénombre également 68 146 blessés.
23h30 : La stratégie du Hezbollah fait débat
Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah l’a réaffirmé ce mardi lors d’un discours à Beyrouth : son mouvement ne cessera de viser le nord d’Israel que si la guerre à Gaza s’arrête. Cela fait quatre mois que le Hezbollah, proche de l’Iran, mène des attaques auxquelles l’armée israélienne riposte. un choix qui suscite de l’adhésion mais aussi des critiques au Liban, pointe notre envoyé spécial au Liban, Nicolas Falez.
Le Hezbollah bénéficie d’un très fort soutien de sa base populaire : les musulmans chiites du Liban. Intellectuel et militant politique, Hares Sleiman lui fait partie des rares voix chiites critiques du Hezbollah. « Je suis Libanais avant d’être chiite. Je ne suis pas Iranien. Je pense que l’Iran ont leurs intérêts. Et moi je suis une victime du pouvoir iranien et de l’hégémonie iranienne sur les pays arabes. »
Les Chrétiens libanais eux sont divisés sur la stratégie du Hezbollah. Le Patriarche chrétien maronite a mis en garde contre une confrontation armée qui pourrait entrainer le tout le Liban dans l’abîme. Plusieurs partis politiques chrétiens sont sur la même ligne. Mais pas celui de Tony Frangié, jeune député du parti Marada : « Il y a un cas spécial au Liban qui a évolué en résistance et qui est devenu aujourd’hui un groupe politique et militaire très fort, le Hezbollah. On n’est pas en train de dire que c’est une situation normale qui doit continuer. Mais aujourd’hui avec la confrontation et le besoin de protection des terres libanaises, je pense que le Hezbollah est beaucoup mieux équipé que l’armée libanaise. »
Le député est le fils de Sleiman Frangié en lice pour devenir un jour président du Liban, poste vacant depuis plus d’un an. Le Hezbollah sera incontournable pour sortir de ce blocage politique.
22h35 : Les États-Unis examinent les informations faisant état de civils blessés par Israël, selon le Département d’État
Les États-Unis examinent les informations selon lesquelles Israël aurait blessé des civils dans sa guerre à Gaza, dans le cadre d’un ensemble de lignes directrices visant à garantir que les pays recevant des armes américaines mènent des opérations militaires conformément au droit humanitaire international, a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller.
L’administration Biden a été critiquée pour avoir continué à fournir des armes à Israël alors que les allégations s’accumulent selon lesquelles des armes de fabrication américaine auraient été utilisées dans des frappes qui ont tué ou blessé des civils. « Nous cherchons à évaluer de manière approfondie les rapports faisant état de dommages civils par les destinataires autorisés des articles de défense fournis par les États-Unis dans le monde entier », a déclaré Miller lors d’un point de presse, ajoutant qu’un processus dans le cadre du Civilian Harm Incident Response Guidance (CHIRG) du Département d’État évaluait les incidents dans le conflit à Gaza.
Le CHIRG a été créé en août 2023, quelques semaines seulement avant que le groupe militant palestinien Hamas ne tue 1 200 personnes et ne prenne 240 otages lors d’un raid dans le sud d’Israël le 7 octobre, selon des chiffres israéliens. L’attaque israélienne contre Gaza qui a suivi a tué plus de 28 000 Palestiniens et en a blessé plus de 68 000, selon les responsables de la santé de Gaza.
Matthew Miller n’a pas précisé quand le processus CHIRG a été lancé ni combien d’incidents étaient en cours d’examen. Mais une source proche du processus a déclaré que le département étudiait au moins 50 incidents signalés impliquant des civils. « Ce processus n’est pas destiné à fonctionner comme un mécanisme de réponse rapide, a déclaré Miller. Au contraire, il est conçu pour évaluer systématiquement les incidents causant des dommages aux civils et élaborer des réponses politiques appropriées pour réduire le risque que de tels incidents se reproduisent à l’avenir et pour inciter les partenaires à mener des opérations militaires conformément au droit international humanitaire ».
Ce processus est distinct des évaluations que le Département d’État entreprend parfois pour déterminer si des crimes contre l’humanité ou même un génocide ont été commis dans un conflit.
Le président Joe Biden a publié la semaine dernière un nouveau mémorandum sur la sécurité nationale qui oblige les pays recevant l’aide américaine en matière de sécurité à fournir l’assurance qu’ils respecteront le droit international et ne restreindront pas l’accès à l’aide humanitaire en cas de conflit. Le mémorandum exige également que les départements d’État et de la Défense rendent compte au Congrès si les armes financées par les États-Unis ont été utilisées d’une manière incompatible avec le droit international ou incompatible avec les meilleures pratiques établies pour prévenir les dommages civils.
22h05 : MSF appelle Israël à protéger les personnes hospitalisées à l’hôpital Nasser
Médecins Sans Frontières (MSF) a confirmé que les forces israéliennes ont ordonné aux personnes déplacées à l’intérieur du complexe médical de Khan Younis de quitter l’hôpital. « MSF appelle l’armée israélienne à épargner le personnel médical, les patients et les personnes déplacées », a déclaré le groupe d’aide médicale dans une série de publications sur les réseaux sociaux.