Rwanda : Plus de 7 700 lieux de culte fermés dans une vaste opération de mise en conformité

Le Rwanda est en pleine campagne de régulation de ses lieux de culte, une opération qui a conduit à la fermeture de plus de 7 700 églises, mosquées et autres établissements religieux à travers le pays. Cette initiative, menée par le Bureau rwandais de la gouvernance, vise à renforcer la sécurité des structures religieuses et à garantir la compétence des leaders spirituels qui y officient.

L’opération s’articule autour de trois axes majeurs, comme l’a précisé Judith Kazaire, responsable du département chargé des organisations religieuses au sein du Bureau rwandais de la gouvernance. Tout d’abord, les lieux de culte doivent se conformer à des normes strictes de sécurité pour assurer la protection des fidèles. Ensuite, les dirigeants religieux sont désormais tenus de détenir un diplôme en théologie, garantissant ainsi un niveau de compétence suffisant pour l’exercice de leurs fonctions. Enfin, l’initiative vise à s’assurer que les doctrines enseignées répondent à des standards professionnels rigoureux.

« Ce niveau d’éducation est requis pour s’assurer que les doctrines sont délivrées de façon professionnelle. Car nous avons des cas où les prêches sont trompeurs. C’est un droit d’avoir la foi, mais c’est aussi le devoir du gouvernement et des autres acteurs de protéger la population », a déclaré Judith Kazaire.

La majorité des fermetures sont liées à l’incapacité des organisations religieuses à se conformer aux normes édictées par la loi de 2018, malgré une période de grâce de cinq ans pour se mettre en règle. Parmi les raisons spécifiques des fermetures figurent la diffusion de prêches illégaux, notamment ceux incitant les fidèles à refuser le vaccin contre le coronavirus. Ce type de discours, jugé dangereux pour la santé publique, a conduit à des interventions strictes.

Kazaire a souligné que la non-conformité des lieux de culte n’était pas seulement due à un manque de moyens financiers, mais aussi à un relâchement dans le respect des régulations. « Quand quelqu’un connaît les régulations, et encore plus quand les églises ont la vie de personnes entre leurs mains, il doit y avoir une responsabilité », a-t-elle affirmé.

Bien que les critiques ouvertes des leaders religieux soient rares, la fermeture massive des lieux de culte a provoqué des tensions. Les médias locaux ont rapporté le cas d’un pasteur arrêté pour avoir continué à prêcher malgré la fermeture de son église. Cet incident illustre le difficile équilibre que le Rwanda tente de maintenir entre la protection de la population et le respect de la liberté religieuse.

Le gouvernement rwandais continue de défendre cette initiative, arguant que la régulation et l’amélioration de la qualité des services religieux sont essentielles pour le bien-être de ses citoyens. Cette vaste opération de mise en conformité pourrait bien redéfinir le paysage religieux du pays dans les années à venir.

Quitter la version mobile