Thierno Alassane Sall interpelle le PASTEF sur l’abrogation de la loi d’amnistie : Un engagement remis en question ?

L’abrogation de la loi d’amnistie continue de susciter des tensions au Sénégal, en particulier entre Thierno Alassane Sall, leader de la République des Valeurs (RV), et le parti au pouvoir, le PASTEF. Dans un récent post sur X (anciennement Twitter), Thierno Alassane Sall a tenu à rappeler un engagement majeur du PASTEF lors de la campagne présidentielle : l’abrogation de la loi d’amnistie, qui avait été largement critiquée pour son caractère sélectif et ses implications politiques.

Ce rappel intervient alors que le gouvernement semble hésitant sur cette question, suscitant la frustration de plusieurs acteurs politiques et de la société civile.

Dans sa publication, Thierno Alassane Sall cite un manifeste publié le 1er mars 2024, signé par 222 universitaires, dont des agrégés et des professeurs titulaires en droit, qui affirmaient clairement que l’abrogation de la loi d’amnistie était juridiquement possible après l’élection d’un nouveau président.

« Même dans l’hypothèse d’une validation constitutionnelle, aucune disposition ni principe ne s’opposerait à une abrogation de l’amnistie après l’élection d’un nouveau président. »

Selon TAS, ces déclarations démontrent sans ambiguïté que l’abrogation de la loi d’amnistie ne souffre d’aucun obstacle légal. Il reproche ainsi au PASTEF de tergiverser sur un engagement pourtant clair et attendu par une large frange de la population.

Lors de la campagne présidentielle de 2024, le PASTEF et son candidat Bassirou Diomaye Faye avaient promis de revenir sur la loi d’amnistie, adoptée sous Macky Sall, et qui avait permis à plusieurs personnalités politiques de bénéficier d’un effacement judiciaire.

Toutefois, depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye, le gouvernement n’a pas encore engagé de démarche formelle pour abroger cette loi, suscitant l’incompréhension de nombreux citoyens et militants.

Thierno Alassane Sall ne cache pas son agacement face à cette situation et adresse un message fort au PASTEF :

« C’est sans ambiguïté. PASTEF reste le seul à y voir matière à interpréter. Ñu jub, di jubal, tey jubbanti. Gor ca wax ja. »

Par cette déclaration en wolof, il insiste sur la nécessité de respecter la parole donnée et d’éviter les justifications qui, selon lui, ne tiennent pas debout.

L’adoption de la loi d’amnistie avait pour but d’apaiser les tensions politiques et de permettre une réconciliation nationale après les violences et arrestations massives de 2021 à 2024. Toutefois, de nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer un effacement sélectif de crimes et délits, permettant à certains acteurs politiques d’échapper à la justice.

Aujourd’hui, l’idée d’abroger partiellement cette loi suscite un grand débat au sein de la classe politique. D’un côté, ceux qui estiment qu’il faut revenir dessus pour permettre des poursuites judiciaires équitables. De l’autre, ceux qui considèrent que revenir sur cette loi pourrait raviver les tensions et diviser davantage la société sénégalaise.

Le message de Thierno Alassane Sall s’ajoute à d’autres appels provenant d’opposants et de membres de la société civile, qui exigent une position claire du gouvernement sur ce sujet.

Pour l’instant, le PASTEF n’a pas officiellement répondu à cette interpellation. Mais cette question risque de devenir un test crucial pour le gouvernement Bassirou Diomaye Faye, qui devra choisir entre tenir ses engagements ou adopter une position plus pragmatique pour préserver la stabilité politique.

Abrogation de la loi d’amnistie : le Nouveau Front alerte la communauté internationale

Le Nouveau Front a intensifié son opposition à l’abrogation de la loi d’amnistie en adressant, ce dimanche 16 mars, une lettre d’explication aux ambassadeurs de plusieurs pays, dont les États-Unis, la France, la Suisse, le Canada, la Chine et la Russie. Cette démarche vise à attirer l’attention de la communauté internationale sur ce que le mouvement qualifie de « tentative alarmante » du gouvernement actuel de modifier le cadre législatif de l’amnistie.

Dans son communiqué, le Nouveau Front dénonce un projet de loi qui, selon lui, compliquerait le processus d’abrogation et risquerait d’introduire une interprétation biaisée, menaçant ainsi la paix civile et la stabilité politique du pays. Le mouvement considère cette démarche comme dangereuse et affirme qu’elle pourrait avoir des conséquences négatives sur l’intégrité des droits fondamentaux des citoyens.

Selon les membres du Nouveau Front, toute modification inappropriée de la loi d’amnistie risquerait d’aggraver les tensions sociopolitiques, en divisant davantage la population au lieu de favoriser la réconciliation nationale.

Face à cette situation, le Nouveau Front réaffirme son engagement en faveur des principes démocratiques et des droits humains. Il appelle le gouvernement à éviter toute manœuvre législative qui compromettrait les efforts de pacification et d’unification du pays.

Dans cette optique, le mouvement a également lancé un appel à la presse nationale et aux organisations de la société civile pour une conférence de presse prévue demain à 11 heures, devant l’ambassade des États-Unis. Cet événement sera l’occasion pour le Nouveau Front d’expliquer en détail les enjeux de cette initiative législative et de sensibiliser l’opinion publique sur les risques liés à cette abrogation.

Cette initiative du Nouveau Front intervient dans un contexte où la question de l’amnistie divise profondément les acteurs politiques. D’un côté, certains estiment qu’une abrogation bien encadrée est nécessaire pour restaurer l’équité et garantir que les responsabilités des crises passées soient établies. De l’autre, des mouvements comme le Nouveau Front craignent que cette démarche soit instrumentalisée à des fins politiques, au détriment de la stabilité nationale.

L’ABROGATION DE LA LOI D’AMNISTIE : LA PROCHAINE PROMESSE NON TENUE ? PAR YOUSSOU DIALLO

La proposition de loi de Thierno Alassane Sall (TAS) visant à abroger la loi d’amnistie de février 2024 a été rejetée par le Bureau de l’Assemblée Nationale ce mercredi 26 février 2025. Selon les députés de Pastef, ce rejet est dû au fait que la proposition n’était pas accompagnée de mesures sur le plan budgétaire. Plus concrètement, les incidences budgétaires d’une telle abrogation n’ont pas été estimées en termes de charges supplémentaires pour le budget de l’État. Cela signifie, de manière évidente, que dans la Loi de Finances Initiale (LFI) 2025, l’abrogation de la loi d’amnistie n’est pas programmée.

L’abrogation de cette loi constitue-t-elle déjà une “patate chaude” pour les leaders de Pastef ?

Au regard des incongruités et des difficultés qu’elle risque d’engendrer pour ses initiateurs, cette abrogation pourrait-elle un jour être annulée par l’actuel régime ? En cette période où l’austérité est prônée, l’État aura-t-il les moyens d’augmenter ses charges budgétaires et de les organiser ?

Pour revenir au sujet et laisser les réponses à ces conjectures au Tribunal de l’Histoire, sans risque de nous tromper, nous pouvons affirmer que le député Thierno Alassane Sall (TAS) a politiquement pris en défaut les responsables de Pastef. En effet, par une simple initiative parlementaire, il a montré aux citoyens sénégalais que la volonté d’abroger la loi, exprimée par les députés de Pastef, n’était pas réellement maîtrisée par eux. Pour leurs dirigeants, il ne s’agissait que de poudre aux yeux du peuple, visant à calmer la base de Pastef, très hostile à cette loi d’amnistie.

Les « accords du Cap Manuel » ont joué un rôle dans cette dynamique, et l’histoire révélera un jour que nos amis sont bel et bien les co-auteurs de cette loi d’amnistie, qu’ils n’ont pas eu le courage d’assumer.

L’abrogation de la loi d’amnistie risque donc d’être la prochaine promesse non tenue, encore une fois !

Dakar, le 26 février 2025
Youssou Diallo
Président du Club Sénégal Émergent

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