La ville historique de Saint-Louis, au nord du Sénégal, fait face à une menace grandissante avec la crue imminente du fleuve Sénégal. Les autorités locales sont en état d’alerte, alors que le niveau du fleuve continue de grimper dangereusement, suscitant des inquiétudes pour les quartiers situés en zones inondables. Les services de l’hydraulique, sous la supervision de Souleymane Ndoye, directeur régional de l’Hydraulique de Saint-Louis, suivent de près l’évolution de la situation.
Selon les relevés actuels, le niveau de l’eau a déjà atteint 1,51 mètre, s’approchant de la cote d’alerte fixée à 1,75 mètre. Un seuil critique qui place la ville en état de pré-crise. La région traverse son deuxième pic de crue de l’année, mais cette fois-ci, les autorités redoutent un troisième pic, inattendu et exceptionnel, qui pourrait amplifier les risques d’inondations.
Souleymane Ndoye explique : « Habituellement, Saint-Louis connaît deux pics de crue, mais cette année est marquée par une situation exceptionnelle. Nous sommes confrontés aux eaux du pic de septembre, mais un autre est prévu en octobre, ce qui pourrait compliquer davantage la situation si ces deux pics se rencontrent. »
Conscientes du danger, les autorités locales, sous l’égide du gouverneur, ont pris plusieurs mesures préventives pour tenter de minimiser les dégâts. Une cellule de suivi des inondations a été mise en place afin de surveiller en temps réel l’évolution du niveau des eaux et coordonner les actions à entreprendre. Cette cellule se concentre également sur la sensibilisation des populations, particulièrement celles vivant dans les zones à risque.
Pour renforcer les défenses face aux eaux menaçantes, des sacs de sable ont été placés aux endroits les plus vulnérables, notamment dans les quartiers de Khar Yalla et Médina Cherif, déjà partiellement inondés. Les pompiers sont également mobilisés, prêts à intervenir en cas de besoin, notamment pour procéder au pompage dans les zones submergées. Les opérations de prévention se multiplient dans toute la ville afin de préparer au mieux une éventuelle montée des eaux.
L’un des points cruciaux pour éviter une catastrophe majeure réside dans la collaboration entre les autorités locales et les populations. Souleymane Ndoye insiste sur l’importance de suivre les recommandations des services techniques, surtout dans les quartiers les plus menacés. « Il est primordial que les populations coopèrent et respectent les directives des autorités, notamment en ce qui concerne les éventuelles évacuations », déclare-t-il.
Les évacuations préventives sont une mesure difficile mais nécessaire pour protéger les vies humaines. Les autorités craignent que certaines populations hésitent à quitter leurs maisons, d’où l’importance de la sensibilisation et de la communication. « En cas de besoin, nous devons pouvoir évacuer les habitants sans rencontrer de résistance, car chaque minute peut faire la différence », avertit Ndoye.
Malgré toutes les précautions prises, l’évolution de la crue reste imprévisible. Les experts de l’hydraulique suivent de près les données hydrologiques pour anticiper le comportement du fleuve dans les jours à venir. Si la situation venait à s’aggraver, des mesures supplémentaires seraient déployées pour protéger les populations et limiter l’impact des inondations.
Un plan d’action similaire à celui déjà mis en œuvre dans les départements voisins de Podor et Dagana pourrait être appliqué à Saint-Louis. Lors de sa visite dans ces localités les 15 et 16 octobre derniers, le gouverneur a coordonné une série de mesures qui pourraient également être déployées à Saint-Louis si le fleuve continue de monter.
Outre le danger direct pour les populations, cette crue représente également une menace pour les infrastructures et l’économie de la ville. Saint-Louis, connue pour son architecture coloniale et son statut de patrimoine mondial de l’UNESCO, est particulièrement vulnérable. Les quartiers historiques situés à proximité du fleuve pourraient subir des dégâts considérables en cas d’inondations majeures.
L’économie locale, déjà fragilisée par les effets du changement climatique et des précédentes inondations, risque de subir de nouveaux revers si la situation se dégrade. Les secteurs de la pêche et du tourisme, piliers économiques de la région, sont particulièrement menacés par la montée des eaux.
Face à cette situation exceptionnelle, les autorités locales appellent à une vigilance constante et à une préparation rigoureuse. Le spectre des inondations de 2012, qui avaient ravagé plusieurs quartiers de la ville, hante encore les esprits. Le défi est immense, mais les autorités, avec l’appui des populations, espèrent éviter le pire.
En attendant de voir comment évolue la situation dans les prochains jours, Saint-Louis reste sous la menace directe de la crue, et tout le monde retient son souffle.