ALLIANCE DES ÉTATS DU SAHEL : Quand des putschistes engagent leurs pays dans une aventure incertaine

A la veille du 65e sommet de la CEDEAO, s’est tenue la première rencontre de l’Alliance des Etats du Sahel pendant laquelle les trois chefs d’Etats Putschistes ouest africains ont confirmé la mise en place de la Conférence Alliance des Etats du Sahel donc la désintégration du CEDEAO.

Assimi Goita (Mali), Ibrahima Traoré (Burkina Faso) et Abdourahamane Tiani (Niger) sont en train d’embarquer, de manière illégitime, leurs peuples dans un avenir incertain.

Il faut le rappeler, la sortie de l’espace CEDEAO peut entraîner des conséquences néfastes tant dans le domaine économique, politique, diplomatique, institutionnel et sécuritaire.

Dimanche, le Président de la commission Oumar Touray est largement revenu sur les conséquences de la décision des États du Sahel de quitter la CEDEAO.

Économiquement et financièrement, le retrait pourrait entraîner l’arrêt ou la suspension de projets et programmes de la CEDEAO, d’une valeur estimée à plus de 500 millions de dollars américains. Les institutions financières régionales, comme la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) et la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), institution commune de financement du développement des Etats de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), qui ont des investissements importants dans ces pays, seraient également affectées. La BIDC, par exemple, a vingt-sept projets en cours dans ces pays, d’une valeur totale d’environ 321 millions de dollars, et ils ont apporté 33 millions de dollars américains aux capitales de la Banque. 

Sur le plan diplomatique et politique, le retrait isolerait le Mali, le Burkina et le Niger sur la scène internationale. Ils perdraient le soutien des blocs pour des candidatures à des postes internationaux au sein de l’Union africaine, des Nations unies et d’autres organisations similaires. Des changements vont intervenir sur les conditions de voyage et d’immigration. Les citoyens ressortissants de ces pays seront désormais soumis à l’obtention des visas pour voyager dans la sous-région. De plus, ils ne pourraient plus résider ou créer des entreprises librement dans le cadre des facilités de la CEDEAO et seraient soumis à diverses lois nationales. 

Sur le plan Institutionnel, le retrait entraînerait la fermeture de plusieurs structures régionales de la CEDEAO dans ces trois pays, affectant la sécurité d’emploi de quelque 130 personnels de la CEDEAO, citoyens de ces pays. La perte de ces infrastructures régionales serait un revers significatif pour l’intégration et le développement régional.

Le retrait de ces trois pays porterait un coup dur à la coopération en matière de sécurité, notamment en ce qui concerne le partage de renseignements et la lutte contre le terrorisme. Les initiatives conjointes, comme la mise en œuvre de la force régionale en attente de la CEDEAO, seraient gravement affectées.

Le Dakarois

Sénégal : Conférence sur la Coopération avec les Pays de l’Alliance des États du Sahel

Le 1er juin 2024, le Sénégal accueillera une conférence majeure sur l’engagement avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cet événement marque un tournant significatif dans les relations régionales et met en lumière la volonté du Sénégal d’établir des partenariats mutuellement bénéfiques avec ses voisins.

Une Nouvelle Vision Politique et Économique

Depuis l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye, le climat politique au Sénégal s’est ouvert à de nouvelles collaborations régionales. La conférence, intitulée « L’Alliance des États du Sahel, une nouvelle plateforme pour l’intégration régionale du Sénégal », rassemblera des figures importantes de la société civile sénégalaise, notamment des représentants du PASTEF, du FRAPP, et de l’UMOJA, ainsi que des délégations des pays membres de l’AES.

Thèmes Clés de la Conférence

  1. Économie et Sécurité
    • Partenariats Économiques : Le Sénégal entretient des relations économiques fortes avec ses voisins, notamment avec le Mali. En 2022, les exportations sénégalaises vers le Mali ont atteint une valeur de 1,13 milliard de dollars, incluant des produits pétroliers, du ciment, et des soupes et bouillons. Ces échanges commerciaux sont cruciaux pour les deux économies, comme l’a souligné le ministre sénégalais de l’Élevage, Dr Mabouba Diagne.
    • Coopération Sécuritaire : La sécurité est une priorité pour les pays de l’AES, qui collaborent activement pour lutter contre les groupes armés. La création de forces conjointes et le partage de renseignements ont conduit à des opérations de plus en plus réussies. La conférence explorera les moyens d’améliorer encore cette coopération.
  2. Rôle des Acteurs Étrangers
    • Présence Économique et Militaire Française : L’économie sénégalaise dépend fortement de la France, avec environ 80% des entreprises du marché sénégalais étant françaises. Cette dépendance économique est critiquée par les nouvelles autorités sénégalaises, qui cherchent à renégocier les accords commerciaux pour renforcer l’indépendance économique du pays. La conférence abordera également la question de la présence militaire française et son impact sur la sécurité régionale.
  3. Institutions Africaines Modernes
    • Efficacité des Institutions : Les participants discuteront de l’efficacité des institutions africaines modernes comme la CEDEAO, l’UA et l’AES dans le contexte actuel. L’objectif est de renforcer ces institutions pour mieux répondre aux défis régionaux.

Objectifs et Perspectives

L’événement vise à renforcer les liens historiques, culturels et économiques entre le Sénégal et les autres pays de l’AES. Il s’agit également de définir des stratégies communes pour une intégration régionale accrue, tout en explorant les moyens de promouvoir une sécurité durable et une croissance économique partagée.

Les discussions porteront sur divers sujets, y compris les avantages et les défis de l’AES, les perspectives d’avenir pour l’intégration régionale, et l’importance de l’engagement des acteurs économiques et politiques locaux et internationaux.

Conclusion

La conférence sur l’engagement avec les pays de l’Alliance des États du Sahel est une initiative prometteuse qui pourrait transformer les relations régionales. En réunissant des leaders politiques, économiques et sociaux, le Sénégal cherche à jouer un rôle central dans la promotion de la paix, de la sécurité et du développement économique en Afrique de l’Ouest.

Ce rendez-vous du 1er juin 2024 s’annonce donc comme un moment clé pour l’avenir des relations entre le Sénégal et ses voisins de l’AES, ouvrant la voie à une nouvelle ère de coopération et de progrès pour toute la région.

Mali, Burkina Faso, Niger : quel avenir pour l’Alliance des États du Sahel ?

En septembre 2023, les régimes putschistes malien, burkinabè et nigérien ont scellé leur union sur les plans diplomatique, économique et sécuritaire. Leur objectif : s’émanciper de la Cedeao.

Certains pourraient être tentés de n’y voir que pure rhétorique, ou bien une réponse du berger à la bergère qu’adressent trois régimes militaires à des organisations multilatérales qui les isolent diplomatiquement, et au premier rang desquelles figure la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dont ils sont pourtant membres.

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