De la parole forte à l’action faible : le piège de l’arrogance au pouvoir ( Par Thierno Bocoum )

Le Premier ministre entretient une confusion constante entre des concepts pourtant fondamentaux : le peuple et les partisans, la justice et la clameur populaire, la responsabilité gouvernementale et le militantisme politique. Ce brouillage délibéré le pousse à substituer le débat par la dispute, à préférer l’affrontement à la pédagogie. Le pugilat devient son langage favori, alors que les membres du gouvernement devraient s’attacher à éclairer les citoyens.

Il s’agace, même face à ceux qui ne font que le ramener à ses devoirs. Même le silence semble l’importuner, tant il devient hypersensible à toute forme de contradiction.

Privé d’actes tangibles pour accompagner ses discours enflammés, il s’enferme dans la diversion. Il allume des contrefeux pour fuir les vraies responsabilités, au lieu d’assumer les attentes légitimes de la population.

Ce Premier ministre semble d’ores et déjà mal engagé dans ce qui prend des allures de mandat présidentiel par procuration. Il donne l’impression de n’avoir ni la mesure des défis à relever, ni l’humilité nécessaire pour s’ouvrir à des cercles de réflexion, proches ou éloignés.

Évoquer la pression populaire sur la justice comme une forme de régulation démocratique relève d’un populisme primaire inquiétant. Il conviendrait de lui demander par quel mécanisme cette pression pourrait s’exercer sans compromettre l’indépendance de la justice, dont la réactivité dépend avant tout des moyens et des réformes que l’État est censé impulser.

Se glorifier de baisses de prix liées aux fluctuations du marché mondial, sans jamais en assumer les hausses quand elles surviendront, relève d’un opportunisme simpliste. Il serait plus responsable d’expliquer les choix économiques à travers une lecture structurelle — en évoquant les subventions, les mécanismes d’ajustement, ou des mesures durables — plutôt que de se contenter d’un discours conjoncturel et simplifié.

Ce qui est inacceptable, c’est de brandir les limites de la liberté d’expression pour faire taire les critiques, tout en orchestrant — par le biais de sa majorité parlementaire — l’amnistie d’auteurs de violences, d’incendies d’édifices publics, d’agressions verbales et d’actes de vandalisme. Cette posture incarne un double discours flagrant, entre le « Coumba am ndéyisme » et le « Coumba amoul ndéyisme ».

Réduire toute forme d’opposition à de la haine personnelle est non seulement simpliste, mais hypocrite, surtout de la part de quelqu’un qui n’a jamais eu de scrupules à adresser des critiques virulentes à ses prédécesseurs sans jamais être taxé de haineux.

La multiplication de slogans, d’éléments de langage et de diversions ne suffira pas à masquer les carences manifestes en matière de gouvernance et de maîtrise des enjeux nationaux.

Thierno Bocoum
Ancien parlementaire 
Président AGIR

Licenciements massifs dans les directions générales : Mody Guiro fustige l’arrogance et l’abus de pouvoir de certains DG

Le climat social se détériore au Sénégal, marqué par une vague de licenciements massifs dans plusieurs structures étatiques. Cette situation a provoqué une vive indignation au sein des centrales syndicales, qui dénoncent des décisions arbitraires portant atteinte aux droits des travailleurs. Lors de l’Assemblée générale des centrales syndicales du Sénégal, tenue vendredi dernier à Dakar, Mody Guiro, secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), a dénoncé avec fermeté l’attitude de certains directeurs généraux (DG), notamment au Port autonome de Dakar, où plusieurs agents ont été remerciés sans justification valable.

Depuis quelques mois, de nombreux travailleurs du secteur public se retrouvent brutalement licenciés, souvent sans notification préalable ni accompagnement adéquat. Cette vague de départs concerne plusieurs institutions et directions générales, parmi lesquelles le Port autonome de Dakar, où plusieurs agents ont été remerciés du jour au lendemain, sans que des motifs clairs ne soient avancés. Pour Mody Guiro, cette situation est symptomatique d’un abus de pouvoir de certains responsables qui, profitant de leur position, prennent des décisions mettant en péril la vie de nombreux travailleurs.

« Nous ne pouvons pas accepter que des directeurs généraux se croient au-dessus des lois et licencient des employés sans aucune justification claire. Ces décisions brutales affectent directement des familles entières et mettent en péril la stabilité sociale du pays. » a déclaré Mody Guiro avec indignation.

Face à cette crise sociale, Mody Guiro interpelle directement le président de la République, l’exhortant à prendre des mesures contre ces abus. Il estime qu’il est inacceptable que des travailleurs, qui ont servi loyalement leur pays, soient renvoyés sans procédure claire, sans accompagnement et sans respect du Code du travail. Il demande aux autorités de prendre leurs responsabilités face à cette injustice. Il a également pointé du doigt les incohérences et contradictions de certaines directions générales, où les conditions de travail se dégradent, pendant que les dirigeants bénéficient d’augmentations de salaires et d’avantages considérables.

L’Assemblée générale des centrales syndicales a été l’occasion pour les différentes organisations de travailleurs de s’unir contre ces licenciements jugés abusifs. Plusieurs résolutions ont été adoptées, notamment l’exigence d’un moratoire immédiat sur les licenciements dans les directions générales concernées, l’ouverture d’un dialogue social avec le gouvernement pour clarifier la situation des travailleurs concernés et la mobilisation de tous les syndicats pour contrer toute tentative de précarisation des emplois dans le secteur public.

Madiambal Diagne Répond à Ousmane Sonko : « Ça c’est Gouverner par l’Arrogance »

Lors du lancement de la journée de Set Setal, le Premier ministre Ousmane Sonko a fait une déclaration notable qui a rapidement suscité des réactions. Le leader de Pastef a affirmé que son gouvernement, ainsi que celui de Bassirou Diomaye Faye, n’auront de compte à rendre ni aux hommes politiques ni aux journalistes, mais uniquement au peuple sénégalais. Cette déclaration a immédiatement attiré l’attention et provoqué des réactions diverses, notamment celle de Madiambal Diagne, patron d’Avenir Communication.

En réponse à l’article publié par Seneweb, Madiambal Diagne a vivement critiqué la déclaration du Premier ministre. « Est-ce que vous avez des comptes à rendre à un quelconque segment de la société ? Ça c’est gouverner par l’arrogance ! », a écrit le journaliste. Diagne, connu pour ses positions tranchées, n’a pas mâché ses mots en dénonçant ce qu’il perçoit comme une attitude hautaine de la part de Sonko.

Ousmane Sonko, en déclarant que son gouvernement ne répondrait qu’au peuple sénégalais, semble vouloir affirmer l’indépendance et l’intégrité de son administration. Cependant, cette déclaration a été interprétée par certains, dont Madiambal Diagne, comme un signe d’arrogance et de mépris envers d’autres acteurs importants de la société, tels que les journalistes et les hommes politiques.

Par ailleurs, Madiambal Diagne a annoncé son retour imminent au Sénégal. Cette décision intervient après la convocation de Mohamed Gueye, directeur de publication du journal Le Quotidien, suite à la publication d’un article sur le Général Souleymane Kandé et Ousmane Sonko. Diagne semble déterminé à continuer à jouer un rôle actif et critique dans le paysage médiatique sénégalais, malgré les tensions actuelles.

Cette situation illustre un débat plus large sur la responsabilité et la transparence du gouvernement envers divers segments de la société. Tandis qu’Ousmane Sonko insiste sur la redevabilité exclusive envers le peuple, des figures médiatiques comme Madiambal Diagne soulignent l’importance de rendre des comptes également aux médias et autres acteurs sociaux, pour garantir une gouvernance équilibrée et sans arrogance.

La confrontation entre Ousmane Sonko et Madiambal Diagne met en lumière des tensions sous-jacentes dans la politique sénégalaise concernant la transparence et la responsabilité du gouvernement. Alors que le Premier ministre cherche à affirmer son indépendance, les critiques de figures influentes comme Diagne rappellent l’importance d’un dialogue ouvert et respectueux avec tous les segments de la société.

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