Par Babacar Ndiogou
Dans un État de droit, seul le juge devrait avoir la compétence de prononcer la perte des droits civiques et politiques. C’est un principe fondamental qui garantit la protection des libertés individuelles contre toute forme d’arbitraire.
Par ailleurs, il est nécessaire d’introduire le bulletin unique, à l’instar de nombreux pays, afin de réduire significativement les coûts d’impression et de transport lors des élections.
Pour renforcer la transparence du processus électoral, des mécanismes clairs et accessibles doivent être mis en place afin de garantir à l’opposition un accès équitable au fichier électoral. Il est également souhaitable d’élargir la durée de révision des listes électorales, pour permettre une participation plus large des citoyens.
Mieux encore, l’inscription automatique sur les listes électorales dès l’atteinte de l’âge de 18 ans devrait être instituée. Cela permettrait de renforcer l’inclusion démocratique et d’encourager la participation des jeunes à la vie politique.
Le système de parrainage, tel qu’il est conçu actuellement, mérite une révision en profondeur. Il conviendrait d’adopter un modèle plus équitable, garantissant une véritable égalité des chances. Tant que chaque citoyen ne peut parrainer qu’un seul candidat, le recours au tirage au sort ou l’élimination à cause de doublons restent injustes et antidémocratiques.
En parallèle, il est essentiel de réformer le mode d’élection des députés en instaurant la proportionnelle pour la répartition des sièges au niveau des départements. Cette réforme permettrait de mieux refléter la diversité politique du pays. Cela impliquerait nécessairement la suppression du scrutin majoritaire, notamment le système dit du raw ganu départemental.
Il serait également pertinent de clarifier le statut de l’opposition. Toutefois, il n’est ni souhaitable ni réaliste de désigner un chef de file de l’opposition par voie légale, car cette dernière n’a jamais été un bloc homogène. Le leadership de l’opposition doit émerger naturellement à travers les dynamiques du jeu politique.
Une réforme de la loi n°81-17 relative aux partis politiques s’impose, notamment en ce qui concerne les conditions de leur création et de leur financement. Cette réforme devrait aussi inclure l’obligation pour chaque parti politique de disposer d’un siège social identifiable, d’organiser régulièrement des congrès, et de renouveler ses instances pour assurer un fonctionnement démocratique interne.
En ce qui concerne les institutions, notamment la réduction des pouvoirs du chef de l’exécutif, il serait judicieux de s’inspirer des recommandations issues des Assises nationales et de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI). L’objectif n’est pas de redistribuer les pouvoirs du Président entre les membres de l’exécutif, mais plutôt de créer de véritables contre-pouvoirs, garantissant un équilibre sain entre l’exécutif, le parlement et le pouvoir judiciaire.
Avec l’émergence des pôles économiques, une refonte du Code des collectivités territoriales s’avère nécessaire. Cela inclurait :
La correction des incohérences dans l’architecture territoriale et le découpage administratif ; La suppression des départements en tant que collectivités territoriales, et le renforcement des ressources des communes ; La mise en place de structures intercommunales au sein des pôles économiques, afin d’assurer la coordination efficace des politiques économiques, agricoles et industrielles.
Les défis économiques auxquels le Sénégal est confronté sont bien trop importants pour que nous continuions à perdre un temps précieux dans des querelles électorales. Il est impératif d’instaurer un système politique sain, crédible et équilibré. C’est une condition indispensable à la survie de notre démocratie, à l’apaisement durable de l’espace public et à la réalisation de nos objectifs de développement.
Il est donc temps que tous les acteurs politiques agissent avec responsabilité, lucidité et sincérité. Ils doivent renoncer aux manœuvres politiciennes, car l’avenir de notre nation en dépend.
Babacar Ndiogou
Mouvement And Ligey Kaolack (devenu Jappo Yessal)