Patronat de la presse vs Ministère de la Communication : un bras de fer sur la refonte des médias

Le secteur de la presse sénégalaise est secoué par un affrontement de taille entre le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS) et le ministère de la Communication, dirigé par Alioune Sall. En cause, une refonte du paysage médiatique initiée par le gouvernement, qui entend assainir le secteur, améliorer les conditions de travail des journalistes et rendre plus transparente l’attribution de l’aide à la presse. Mais cette réforme est loin de faire l’unanimité et suscite une vive opposition du patronat des médias, qui y voit une tentative de mise sous tutelle de la presse privée.

Depuis l’arrivée de Pastef au pouvoir, le ministère de la Communication a mis en œuvre une série de réformes visant à réorganiser le secteur des médias. Parmi les mesures phares, on retrouve la mise en place d’un système d’agrément pour les entreprises de presse, une exigence de mise en conformité aux normes sociales pour bénéficier de l’aide publique et une volonté de rationaliser un paysage médiatique jugé pléthorique.

Pour Mamadou Ibra Kane, président du CDEPS, cette réforme ressemble à une attaque contre la presse privée. « Ils veulent tout simplement liquider les entreprises de presse sous prétexte de régulation. Tous les actes posés par le gouvernement vont dans ce sens », a-t-il déclaré dans une interview accordée à Jeune Afrique.

Le principal point de discorde concerne l’application de l’article 94 du Code de la presse, qui impose une autorisation préalable pour opérer dans le secteur. Le ministère justifie cette démarche par la nécessité d’identifier les médias en activité et de garantir un cadre plus structuré. Mais pour le CDEPS, cette disposition est contraire à la Constitution, qui garantit la liberté d’entreprendre et d’exercer le métier de journaliste sans ingérence administrative.

Les tensions se sont exacerbées en raison d’un manque de concertation entre les parties prenantes. Selon le président du CDEPS, le ministère a agi de manière unilatérale. « Nous n’avons eu qu’une seule rencontre officielle en juillet. Il nous avait promis des consultations avant de lancer la plateforme d’enregistrement des médias, mais il a avancé seul », déplore-t-il.

De son côté, le ministère de la Communication, par la voix de son directeur Habibou Dia, rejette ces accusations. « Entre mai et août 2024, plusieurs consultations ont eu lieu avec le patronat de la presse, les syndicats de journalistes et les jeunes reporters. Nous avons tenu compte de leurs remarques. Dire qu’il n’y a pas eu de concertation est faux », rétorque-t-il.

Le ministère défend sa réforme en mettant en avant la nécessité de professionnaliser le secteur. « Il y a trop de médias qui ne respectent pas les normes sociales et fiscales. Notre objectif est d’assainir la presse, pas de la faire disparaître », assure Habibou Dia. Il reproche au patronat de vouloir préserver un statu quo qui favorise des pratiques précaires, notamment l’absence de contrats de travail et le non-paiement des impôts.

Mais du côté du CDEPS, on dénonce une volonté déguisée de contrôler la presse indépendante et de favoriser les médias proches du pouvoir. « Si l’objectif était réellement d’améliorer les conditions des journalistes, pourquoi ne pas commencer par appliquer la convention collective et mettre en place un fonds d’appui spécifique ? », s’interroge un éditeur de presse sous couvert d’anonymat.

À ce stade, aucun compromis ne semble en vue. Le CDEPS réclame une suspension du processus et une véritable concertation pour éviter ce qu’il considère comme une mise à mort des petits médias. De son côté, le ministère de la Communication affirme que la réforme ira jusqu’au bout, estimant qu’elle est indispensable pour garantir un secteur médiatique plus solide et mieux structuré.

Crise dans le secteur de la santé : bras de fer entre le ministère et les syndicats

Le climat reste tendu entre le ministère de la Santé et de l’Action sociale et les syndicalistes de la Fédération des syndicats de la santé (F2S), malgré l’annonce officielle de la levée du mot d’ordre de rétention d’informations. Dans un communiqué récent, le ministère a affirmé que la situation était revenue à la normale. Une déclaration aussitôt dénoncée par les syndicalistes, qui y voient une tentative de manipulation.

En réponse à cette communication, la F2S appelle à une grande mobilisation le mardi 21 janvier à 13h, à l’Hôpital Roi Bédouin. Cette action vise à sensibiliser les citoyens et les autorités sur les défis auxquels fait face le système de santé et à proposer des solutions durables.

Dans leur réponse, les syndicats ont critiqué la gestion du ministère, notamment en ce qui concerne l’élaboration du budget dans le cadre de la loi des finances, qu’ils jugent insuffisamment adaptée aux besoins réels du secteur. « Cette campagne de communication orchestrée par le ministère ne vise qu’à masquer les lacunes graves d’une gestion chaotique », ont-ils déclaré.

La F2S déplore également l’absence de discussions sérieuses avec le ministre de la Santé. Selon ses représentants, seules des rencontres superficielles ont été organisées, sans résultats concrets ni documents officiels attestant de progrès. « Nous défions le ministre de prouver l’existence de discussions réelles ou d’accords signés sur nos revendications », ont-ils ajouté.

Les syndicalistes accusent par ailleurs le ministre de privilégier des activités protocolaires, telles que des séminaires et des cérémonies, plutôt que de s’attaquer aux problèmes structurels.

La F2S réitère ses principales revendications :

• La généralisation de l’indemnité de logement.

• Le reclassement des agents en fonction de leur ancienneté et de leurs diplômes.

• Le recrutement dans la fonction publique et la régularisation des agents contractuels, en tenant compte de leurs années de service.

• L’application de l’article 29 du statut général des fonctionnaires des collectivités territoriales.

Les syndicalistes saluent néanmoins les réformes introduites par le président de la République, notamment la mise en compétition des postes de direction et la déclaration de patrimoine des gestionnaires publics, tout en insistant sur la nécessité d’une rupture avec les anciennes pratiques.

Malgré la montée des tensions, la F2S se dit ouverte à des discussions sincères et constructives. Elle appelle le ministère à s’engager dans un dialogue sérieux pour répondre aux attentes légitimes des professionnels de santé.

En conclusion, les syndicats estiment que la souveraineté sanitaire du pays passe par une gestion rigoureuse des ressources et un changement de paradigme. La couverture sanitaire universelle est selon eux un objectif atteignable, à condition que les autorités prennent des mesures concrètes et urgentes. La balle est désormais dans le camp du ministère pour désamorcer cette crise.

Bras de fer entre la banque Attijari et Bocar Samba Dièye : une affaire de plusieurs milliards de francs CFA

L’affaire qui oppose la banque Attijari (anciennement CBAO) à l’homme d’affaires Bocar Samba Dièye semble encore loin de trouver une issue. Le différend, qui remonte à plus d’une décennie, concerne des prélèvements d’un montant total de plus de 7,2 milliards de francs CFA sur le compte de l’homme d’affaires. Soutenu par l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (Acsif), Bocar Samba Dièye réclame aujourd’hui la restitution de cette somme, qu’il considère indûment ponctionnée.

Famara Ibrahima Cissé, président de l’Acsif, a révélé que ces prélèvements incluent 2,5 milliards pour des frais d’agios, ainsi que 5,6 milliards pour une traite imputée à la solde de l’homme d’affaires. Se basant sur un rapport d’expertise financière, Cissé dénonce la légitimité de ces sommes : « Le rapport est clair et donne raison à Bocar Samba Dièye. Nous attendions que la banque procède à la restitution des fonds, mais depuis 2008, elle multiplie les manœuvres pour éviter cela », affirme-t-il.

L’expert financier ayant examiné cette affaire a en effet recommandé la restitution des montants prélevés. Cependant, selon Famara Ibrahima Cissé, la banque aurait, au lieu de se conformer à ces conclusions, tenté d’obtenir des décisions de justice afin de saisir les biens hypothéqués de Bocar Samba Dièye, incluant notamment sa maison située à Grand-Dakar.

Pour l’Acsif, il est hors de question de baisser les bras. L’association prévoit un plan d’action destiné à faire respecter la décision de justice favorable à Bocar Samba Dièye. « Nous avons adressé des lettres au président de la République, Bassirou Diomaye Faye, ainsi qu’à son Premier ministre, Ousmane Sonko, en joignant le rapport d’expertise. Il est temps que les banques, en particulier la CBAO, cessent de faire souffrir des citoyens honnêtes », a déclaré Cissé, faisant référence aux engagements de transparence et de justice contenus dans le programme Jub Jubal Jubenti.

Cette affaire, qui illustre une méfiance grandissante envers certaines pratiques bancaires, risque d’être suivie de près par l’opinion publique, alors que les autorités sont sollicitées pour intervenir. Les prochains mois seront donc déterminants dans ce bras de fer qui pourrait bien redéfinir les rapports entre les clients et les institutions financières au Sénégal.

Crise Politique au Mali : L’Impasse entre Autorités et Partis Politiques Persiste

À Bamako, le bras de fer entre les autorités militaires et les partis politiques maliens continue d’aggraver la crise politique. Les partis politiques, indignés par la détention de leurs membres qu’ils qualifient d’acte liberticide, refusent toute reprise des discussions sans leur libération préalable.

La suspension récente de leurs activités politiques, levée la semaine dernière, est jugée insuffisante et tardive par les partis, qui exigent des gestes plus concrets de la part des autorités de transition. Ils affirment que les conditions nécessaires à un dialogue constructif ne sont pas réunies et réclament un retour à l’ordre constitutionnel à travers des élections transparentes et crédibles.

La classe politique malienne, largement écartée de la gestion du pays depuis quatre ans, exprime sa colère et soulève des préoccupations majeures quant à l’avenir du pays. En solidarité avec les 11 membres toujours détenus, une cinquantaine de partis politiques conditionnent leur participation aux discussions à la libération de leurs camarades.

Amadou Goïta, ancien ministre, insiste sur l’importance cruciale de l’organisation d’élections pour la légitimité démocratique et l’exercice du pouvoir. Pour l’instant, le dialogue semble rompu, compromettant gravement la perspective d’une transition apaisée au Mali.

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