Le capitaine Ibrahim Traoré, à la tête du régime militaire du Burkina Faso depuis septembre 2022, a intensifié les tensions diplomatiques en accusant ouvertement la Côte d’Ivoire et le Bénin de chercher à déstabiliser son pays. Lors d’un discours adressé aux « forces vives » burkinabè, Traoré a déclaré que des opérations de déstabilisation étaient orchestrées depuis Abidjan, la capitale ivoirienne, et que des bases françaises au Bénin serviraient de centres opérationnels pour des groupes terroristes frappant régulièrement le Burkina Faso.
Ces accusations ont suscité des réactions fermes de la part de Paris et de Cotonou, qui les ont catégoriquement rejetées. Le gouvernement béninois a qualifié ces affirmations de désinformation nuisible à la coopération régionale, soulignant que les bases militaires françaises dans le nord du Bénin étaient destinées à contrer les attaques terroristes provenant des frontières communes avec le Burkina Faso et le Niger.
Le Burkina Faso, le Niger et le Mali, tous dirigés par des régimes militaires et confrontés à des défis similaires liés au terrorisme jihadiste, ont récemment quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), accusant cette organisation régionale de partialité envers la France et d’insuffisance dans le soutien à leurs efforts antiterroristes.
Dans son discours, Traoré a également abordé des priorités nationales telles que la récupération des permis d’exploitation minière et la volonté de renforcer le patriotisme en contrôlant la communication sur le pays.
Cette escalade verbale souligne les tensions grandissantes au sein de l’Afrique de l’Ouest, alors que les pays de la région font face à des défis sécuritaires majeurs et naviguent dans des relations complexes avec les puissances étrangères, particulièrement la France, historiquement impliquée dans la sécurité et le développement de ses anciennes colonies.
Le discours de Traoré reflète une politique étrangère résolument souverainiste et une volonté de rompre avec les influences externes perçues comme néfastes pour la stabilité nationale. La suite des événements déterminera l’impact de ces tensions sur la coopération régionale et la lutte contre le terrorisme dans la région sahélienne.