Affaire des chèques volés : le principal suspect dénonce une « pratique courante » au Trésor public

Le scandale des chèques volés au Trésor public sénégalais connaît un tournant décisif. Mansour Kane, contrôleur du Trésor et considéré par les enquêteurs comme le cerveau présumé du réseau de fraude, a livré des aveux explosifs lors de son audition, remettant en question l’intégrité même du système de gestion financière de l’État.

Incarcéré dans une autre affaire de faux chèque de 400 millions FCFA, Kane est cité par plusieurs transitaires dans la procédure en cours. Parmi eux, Abdoulaye Ba de Niany Transit l’accuse de lui avoir remis un chèque frauduleux d’un montant de 547,643 millions FCFA, moyennant une commission de 12 %. Une accusation que Kane nie catégoriquement. Toutefois, il ne rejette pas toute implication dans le vaste réseau de détournement mis au jour par la Division des investigations criminelles (DIC).

Dans un témoignage consigné par L’Observateur, le contrôleur du Trésor fait tomber les masques. Il admet avoir « exploité une faille » dans le système, tout en soulignant qu’il n’était ni le premier, ni le seul à le faire. « Je ne suis pas la seule personne à proposer ce deal. D’autres réseaux opéraient comme moi. Mais comme je suis le premier en prison, on me fait porter toute l’affaire », a-t-il confié aux enquêteurs. Selon lui, le trafic de chèques volés était loin d’être un fait isolé : « C’était une pratique courante au Trésor. Beaucoup d’autres personnes faisaient la même chose. »

Plus grave encore, Kane accuse indirectement certains services internes de complicité passive, voire active. Il attire notamment l’attention sur les dysfonctionnements des services chargés du rapprochement comptable entre les écritures. « Les enquêteurs doivent vérifier les services qui font le rapprochement entre les comptables. Normalement, si un solde n’est pas soldé, l’écart doit apparaître et être régularisé. Mais chaque année, des gens s’arrangent pour rendre artificiellement les soldes nuls, sans régularisation réelle », a-t-il déclaré.

Mansour Kane dit assumer sa part de responsabilité : « Lors de mon arrestation, j’ai expliqué mon mode opératoire. J’ai exploité une faille, mais je ne protégerai personne. La vérité doit sortir. » Cependant, il refuse de citer d’autres noms, se contentant de suggérer que les pratiques incriminées étaient profondément ancrées dans les rouages du Trésor. « Je ne ferai pas d’accusations gratuites. Mais une chose est sûre : cette pratique existait bien avant moi. »

Ces déclarations jettent une lumière crue sur un système potentiellement gangrené, où les mécanismes de contrôle semblent défaillants et où la fraude aurait pu prospérer pendant plusieurs années, sous le regard complice ou négligent de certains agents.

L’affaire, qui implique déjà plusieurs transitaires et commerçants, est loin d’avoir livré tous ses secrets. Le parquet financier a ordonné des investigations supplémentaires pour démêler l’étendue du réseau, remonter la chaîne des responsabilités et déterminer l’éventuelle implication de hauts fonctionnaires du ministère des Finances.

Affaire des chèques volés au Trésor : des aveux accablants et le cerveau présumé passe aux aveux partiels

Le scandale des chèques volés au Trésor public sénégalais prend une nouvelle tournure explosive, avec des révélations qui mettent à nu une vaste fraude impliquant transitaires, commerçants et fonctionnaires. Alors que l’enquête se poursuit à la Division des investigations criminelles (DIC), plusieurs acteurs mis en cause dans cette affaire ont commencé à coopérer, allant jusqu’à reconnaître les faits et à rembourser une partie des fonds détournés.

Selon des informations rapportées par le journal Libération, plusieurs transitaires, parmi lesquels Mamadou Ly, gérant de Médina Transit, ont fait des aveux jugés accablants par les enquêteurs. Ce dernier a reconnu avoir reçu deux chèques d’un montant cumulé de plus d’1,3 milliard de FCFA des mains de son voisin, Pape Galaye Thiaw, un commerçant de téléphones. Il affirme avoir versé à ce dernier une commission de 10%, tout en prétendant ne pas connaître l’origine frauduleuse des chèques.

Même scénario du côté de Lamine Ba, responsable de Touba Darou Salam Transit, qui a admis avoir encaissé des chèques totalisant plus de 1,4 milliard FCFA, également fournis par le même Pape Galaye Thiaw. Ce dernier, aujourd’hui introuvable, est présenté comme un simple exécutant. Selon les témoignages recueillis, il serait trop peu structuré pour avoir lui-même orchestré le vol des chèques, ce qui laisse entrevoir l’existence d’un réseau plus vaste et mieux organisé.

Les investigations ont rapidement mené vers Mansour Kane, un contrôleur du Trésor déjà incarcéré dans une autre affaire de faux chèque portant sur 400 millions FCFA. Plusieurs transitaires l’ont directement désigné comme étant au cœur du système. L’un d’eux, Abdoulaye Ba, de Niany Transit, a déclaré avoir reçu de lui un chèque de 547 millions FCFA moyennant une commission de 12%.

Extrait de prison pour être confronté à ces accusations, Mansour Kane a d’abord tout nié, avant de finir par reconnaître, face aux éléments présentés, avoir remis deux chèques à Ahmed Tidiane Nam et Ramatoulaye Fall. Il a cependant rejeté toute implication dans les autres cas, estimant qu’on cherche à faire de lui le bouc émissaire d’un système plus complexe : « J’ai exploité une faille du système, mais comme je suis le premier à avoir été arrêté, on veut tout me faire endosser », a-t-il déclaré lors de son audition.

Ces confessions ont conduit le parquet financier à demander l’élargissement des investigations. Les enquêteurs cherchent désormais à remonter la chaîne, pour déterminer l’ampleur exacte de la fraude et identifier les autres complices, notamment au sein de l’administration du Trésor.

Ce scandale met en lumière la vulnérabilité des mécanismes de contrôle dans la gestion des fonds publics et pose, une nouvelle fois, la question de la transparence et de la responsabilité dans les finances de l’État. Le public reste suspendu à l’évolution de cette affaire tentaculaire, dont les ramifications pourraient secouer davantage les institutions concernées.

Quitter la version mobile