Grève de la faim à la Maison d’arrêt et de correction de Mbour : Les détenus dénoncent des conditions de vie inhumaines

La tension est vive à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Mbour, où les détenus de la « Cité Malaw » ont entamé une grève de la faim depuis mardi dernier. Ce mouvement, déclenché après deux incidents tragiques, vise à dénoncer leurs conditions de vie jugées déplorables ainsi que la gestion des conflits et des situations médicales au sein de l’établissement.

Deux drames en moins d’une semaine
La colère des détenus fait suite à deux événements marquants. Le premier est la mort d’Élimane Sarr, un vieil homme incarcéré à la chambre 13, décédé lundi dernier. Selon les informations de L’Observateur, Sarr souffrait de douleurs intenses aux pieds et a été évacué à l’hôpital Thierno Mouhamadou Mansour Barro de Mbour, où il a succombé. Avant son transfert dans la chambre 13, il occupait la chambre 16, une unité dédiée aux détenus malades, initialement prévue pour 50 personnes mais surpeuplée avec 84 occupants.

Le deuxième drame est survenu trois jours après, avec le meurtre de Mbaye Niang, un détenu tué par son codétenu Babacar Hann dans des circonstances troublantes. Une bagarre avait éclaté entre les deux hommes dans la chambre 17. Les gardiens, intervenus pour désamorcer la situation, ont décidé de les placer ensemble en isolement, une décision qui s’est révélée fatale. Durant la nuit de samedi à dimanche, Babacar Hann aurait attaqué Mbaye Niang, lui infligeant un coup violent à la bouche avant de l’étrangler. Malgré une intervention rapide, Mbaye Niang a succombé mardi aux blessures subies, après avoir été plongé dans un coma profond.

Des conditions de détention alarmantes
Ces deux décès s’ajoutent à une situation déjà critique. Selon les détenus, la gestion des malades est catastrophique, et les infrastructures de l’établissement sont inadaptées à la surpopulation. La chambre 16, où se concentrent les malades, aurait déjà vu le décès de deux détenus français, âgés de 46 et 70 ans, au cours du mois de novembre.

Face à ces tragédies, les pensionnaires de la Mac de Mbour ont décidé de se faire entendre en entamant une grève de la faim. Ils exigent une amélioration de leurs conditions de détention, une meilleure prise en charge médicale et une gestion plus rigoureuse des conflits internes.

Un cri d’alarme pour des réformes urgentes
La situation à la Mac de Mbour met en lumière les défaillances du système carcéral sénégalais, souvent dénoncé pour ses conditions de vie précaires et la surpopulation chronique. La grève de la faim des détenus rappelle l’urgence de réformes profondes pour garantir le respect des droits fondamentaux des personnes incarcérées, quelles que soient leurs condamnations.

Les autorités judiciaires et pénitentiaires restent pour l’instant silencieuses face à ces revendications, mais la mobilisation des détenus pourrait contraindre les responsables à agir pour éviter d’autres drames dans cet établissement déjà en crise.

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