Contentieux du groupe Excaf Telecom : Sidy Diagne inculpé pour abus de biens sociaux à hauteur de 9 milliards FCFA

Le contentieux autour de la gestion du groupe Excaf Telecom, un acteur majeur du secteur des télécommunications et des médias au Sénégal, a pris une tournure judiciaire importante. Cette affaire, qui a émergé suite à un différend familial, a connu un développement majeur avec l’inculpation de Sidy Diagne, l’un des héritiers et représentant légal de la famille dans la gestion des biens du groupe.

Tout a commencé en janvier 2025, lorsqu’un des héritiers du défunt Ben Bass Diagne, fondateur et dirigeant emblématique d’Excaf Telecom, a déposé une plainte. Jupiter Diagne, un autre membre de la famille, accuse ses frères, dont Sidy Diagne, de « détournement de dividendes » et d’« abus de confiance ». Cette plainte a mis en lumière des pratiques financières douteuses au sein du groupe, particulièrement en ce qui concerne la gestion des fonds et des dividendes. En réponse à ces accusations, la Division des Investigations Criminelles (DIC) a lancé une enquête approfondie, notamment pour scruter les finances du groupe.

Les experts financiers de la DIC ont été mobilisés pour examiner la comptabilité et les transactions financières du groupe Excaf Telecom. Après plusieurs mois d’investigations, les enquêteurs ont découvert des irrégularités significatives dans la gestion des fonds du groupe, qui ont mis en évidence des abus de biens sociaux, une banqueroute frauduleuse et un blanchiment de capitaux. Selon les premières conclusions, la somme détournée pourrait s’élever à près de 9 milliards de FCFA, un montant colossal qui a alarmé les autorités judiciaires.

Les investigations ont permis de constater que Sidy Diagne, en tant que représentant légal du groupe, a joué un rôle clé dans la gestion de ces fonds. Les enquêteurs ont également noté des incohérences dans les rapports financiers et les dividendes attribués aux membres de la famille. Ces anomalies ont suffi pour que l’affaire soit transférée au Parquet financier du Pool judiciaire financier (PJF).

Suite aux résultats de l’enquête, Sidy Diagne a été convoqué par le juge d’instruction du PJF. Après avoir été entendu, il a été inculpé pour « abus de biens sociaux », « banqueroute frauduleuse » et « blanchiment de capitaux », des accusations graves qui mettent en cause sa gestion des finances du groupe Excaf Telecom. Le montant total de l’abus est estimé à 9 milliards de FCFA, une somme qui, selon les autorités, correspond à des fonds qui auraient été détournés au détriment des autres héritiers et des actions légitimes de l’entreprise.

Le juge a décidé de placer Sidy Diagne sous contrôle judiciaire, estimant que sa détention provisoire n’était pas nécessaire à la manifestation de la vérité. Cette décision a été motivée par le fait que le contrôle judiciaire permettait de poursuivre l’enquête tout en assurant la présence de l’inculpé. Le Parquet financier, bien que n’ayant pas requis de placement sous mandat de dépôt, a indiqué que l’instruction continuerait avec rigueur pour clarifier les responsabilités de chacun dans cette affaire complexe.

Le groupe Excaf Telecom, dirigé pendant des années par Ben Bass Diagne, a été un acteur incontournable dans le domaine des télécommunications et des médias au Sénégal. Cette affaire met en lumière non seulement des pratiques financières douteuses au sein d’un groupe influent, mais aussi les tensions internes qui existent au sein de la famille Diagne, dont l’héritage du groupe a été l’objet de querelles familiales.

L’instruction judiciaire est loin d’être terminée, et les autorités judiciaires continueront d’examiner les comptes de l’entreprise et de recueillir les témoignages des autres membres de la famille. Des efforts sont également en cours pour évaluer l’étendue des pertes financières liées à ce détournement présumé et pour établir si d’autres personnes que Sidy Diagne sont impliquées dans ces malversations.

Si l’affaire prend une tournure judiciaire plus large, elle pourrait également entraîner des répercussions sur la gestion de l’entreprise et sur les héritiers du groupe Excaf Telecom. La famille Diagne devra également faire face à la pression publique et à la nécessité de démontrer la transparence dans la gestion de l’héritage du défunt Ben Bass Diagne, dont le nom et l’héritage ont marqué l’histoire des médias sénégalais.

Contentieux autour des phosphates de Matam : Entre enjeux économiques et préoccupations sociales

Le différend concernant les indemnités entre les propriétaires terriens et la Société minière de la vallée (SOMIVA), chargée de l’exploitation des phosphates, suscite de vives inquiétudes. Cet imbroglio soulève des questions sur la relation des populations à leur territoire face à l’expansion de la mine prévue par la société exploitante. Retour sur une situation complexe qui s’inscrit dans l’histoire de l’exploitation des phosphates de Matam, dans le département de Kanel, au nord du Sénégal, où les travaux sont en suspens depuis près de 18 mois en raison d’un désaccord concernant l’extension d’une zone d’exploitation de 193 hectares.

Le gisement de Dendori et Wali Diala, situé à 65 km au sud-est de la ville de Matam, est reconnu pour ses importantes réserves de phosphate. Découvert en 1984, ce gisement a attiré l’attention des autorités sénégalaises, notamment dans le cadre de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (GOANA) lancée par le président Abdoulaye Wade en vue d’augmenter la production agricole nationale. Avec une réserve géologique de plus de 40,5 millions de tonnes de phosphate de qualité, le potentiel économique de cette région était considérable.

La mise en exploitation du gisement a été officiellement lancée en 2008, avec pour objectif la transformation de près de 3 millions de tonnes de minerais bruts en granulés de phosphates. Ce projet ambitieux visait à dynamiser le secteur agricole sénégalais et à renforcer la sécurité alimentaire du pays. Pour le président Wade, les phosphates de Matam représentaient une ressource stratégique susceptible de transformer la région et le Sénégal dans son ensemble.

Cependant, depuis l’arrivée de la Société minière de la vallée du fleuve (SOMIVA) en 2014, les tensions se sont intensifiées. Cette société, composée d’un consortium d’entreprises étrangères, a investi des milliards dans l’exploitation des phosphates de Matam, avec pour objectif de produire plus d’un million de tonnes de phosphate par jour. Cette expansion a entraîné des changements significatifs dans l’occupation de l’espace, notamment pour les agriculteurs et les éleveurs des zones concernées.

Les populations riveraines, notamment dans les communes de Ndendori, Ounaré et Orkadiéré, dénoncent la perte de leurs terres et de leurs moyens de subsistance traditionnels. Elles réclament une indemnisation conséquente en compensation des pertes économiques subies. Ces revendications sont soutenues par plusieurs regroupements de défense des intérêts des populations, qui appellent également à prendre en compte des préoccupations environnementales, sanitaires et sociales.

Face à cette situation complexe, le gouvernement sénégalais et les autorités locales sont interpellés pour trouver une solution équilibrée qui garantisse à la fois le développement économique de la région et le respect des droits et des intérêts des populations locales.

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