Des révélations récentes du ministre mauritanien du Pétrole, des Mines et des Énergies, Nani Ould Chrougha, lors de sa visite au Sénégal, ont semé le doute sur le calendrier de production de gaz du champ GTA (Grand Tortue Ahmeyin). Alors que le ministre a repoussé la production à 2024, Pr Momar Samb, enseignant à l’École nationale supérieure des mines et de la géologie de l’UCAD, exprime des réserves sérieuses sur cette annonce.
Dans une interview accordée à L’Observateur, Pr Samb affirme que la production de gaz ne débutera pas en 2024 comme annoncé par le ministre mauritanien. Il souligne que l’audit des coûts du projet s’annonce comme une tâche chronophage, remettant en question la possibilité de démarrer l’exploitation du champ GTA dès cette année. «Un audit des coûts pétroliers ne se fait pas en un, deux, trois ou quatre mois. Donc ce n’est pas possible de démarrer l’exploitation de GTA en 2024», déclare-t-il de manière catégorique.
L’expert en géologie souligne également que des obstacles logistiques se dressent devant le projet. Le Floating liquefied natural gas (FLNG), unité flottante de gaz naturel liquéfié, n’est pas encore arrivé, et le Floating Production Storage and Offloading (FPSO), unité flottante de production, de stockage et de déchargement, est en cours de réparation en Espagne.
Pr Samb pointe également du doigt les défis économiques actuels, soulignant la chute des prix du gaz en Europe et aux États-Unis. Il interroge sur les perspectives de vente du gaz dans un contexte de récession économique mondiale. «Les prix du gaz s’effondrent en Europe et aux États-Unis. La Chine est en crise, les stocks sont pleins, c’est la récession économique dans le monde. Alors, où est-ce qu’on va vendre notre gaz ?» questionne-t-il, mettant en évidence la complexité du contexte mondial actuel.
Le professeur estime que le Sénégal a commis des erreurs stratégiques dans son exploitation des ressources d’hydrocarbures. Il conteste l’idée selon laquelle GTA est un projet aux réserves de dimension mondiale, soulignant des incohérences dans la gestion du développement simultané de deux projets d’une telle envergure, à savoir Sangomar et GTA avec la Mauritanie. L’analyse de Pr Samb soulève des préoccupations quant à la réalisation effective et opportune du projet, appelant à une réévaluation approfondie de la stratégie énergétique du pays.