Depuis plus de trois mois, l’ancien directeur général de la Lonase, Lat Diop, est incarcéré à la Maison d’arrêt de Rebeuss. Accusé de détournement de deniers publics, de blanchiment de capitaux et d’extorsion de fonds, cet homme d’affaires controversé est au cœur d’un scandale qui alimente les débats publics et fait régulièrement la une des journaux. Pourtant, derrière les murs de la prison, un aspect inattendu de sa personnalité se dévoile : son sens du partage et de la générosité envers ses codétenus.
Selon des témoignages recueillis par L’Observateur, Lat Diop partage la chambre 42 avec douze autres détenus. Sa présence, bien que temporaire, semble avoir marqué ses compagnons d’infortune. Lors de son arrivée, après avoir reçu son premier repas de la part de sa famille, Lat Diop n’a pas caché son mécontentement. « La première fois qu’ils lui ont amené un repas, c’était un petit repas modeste. Il s’est fâché et leur a dit : “Plus jamais ça” », raconte Cheikhna Keïta, ancien détenu de Rebeuss récemment élargi.
Cette réaction a conduit sa famille à lui apporter, par la suite, des quantités importantes de nourriture. Loin de garder ces provisions pour lui, Lat Diop a fait preuve d’un altruisme notable en partageant systématiquement ses repas avec ses codétenus.
Cheikhna Keïta témoigne de cette générosité, soulignant que Lat Diop n’a jamais consommé seul ce que sa famille lui apportait. « Il ne gardait rien pour lui-même », confie-t-il. Ce comportement lui a valu une admiration sincère de ses compagnons de cellule, certains allant jusqu’à prier pour que sa présence parmi eux se prolonge.
Dans un environnement marqué par la promiscuité et le manque de ressources, cet élan de solidarité est d’autant plus remarquable. Pour beaucoup de détenus, les repas partagés par Lat Diop représentent bien plus qu’un simple soutien matériel : ils incarnent une rare forme de chaleur humaine dans un contexte souvent déshumanisant.
Cependant, à l’extérieur des murs de Rebeuss, l’image de Lat Diop reste ternie par les graves accusations portées contre lui. Soupçonné de s’être enrichi illicitement au détriment de l’État, il fait face à une procédure judiciaire qui pourrait aboutir à de lourdes sanctions. Pour ses détracteurs, ces gestes de générosité ne suffisent pas à effacer les soupçons de malversation qui pèsent sur lui.
D’autres, cependant, voient dans ce comportement une facette plus humaine d’un homme en quête de rédemption, ou du moins, d’une manière de s’affirmer positivement dans une situation difficile.
L’affaire Lat Diop est un rappel des contrastes qui peuvent définir une personnalité publique : accusé de crimes financiers, mais salué en prison pour son humanité. Si son destin judiciaire reste incertain, son passage à Rebeuss laisse une empreinte indélébile, non seulement dans le système carcéral, mais aussi dans l’opinion publique.