À Ngathie Naoudé, localité nichée au cœur du Sénégal, les nuits restent longues et incertaines. Privés d’un éclairage public adéquat, les habitants – et en particulier les jeunes regroupés au sein du Mouvement de la Renaissance Citoyenne – tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme. Leur cri de cœur dépasse désormais les frontières du village, pour interpeller l’opinion nationale sur l’importance de l’éclairage public pour la sécurité et le développement local.
« Dans le cadre du programme de répartition des lampadaires solaires, notre commune a été marginalisée, alors que d’autres communes du département ont bénéficié d’une part disproportionnée », a dénoncé Alpha Diallo, coordonnateur du Mouvement des Jeunes de la Renaissance Citoyenne.
Lors de la première phase du programme, Ngathie Naoudé avait pourtant reçu un lot de 200 lampadaires solaires. Cependant, face au déficit important en électricité, ces équipements ont été prioritairement répartis dans les 66 villages de la commune, principalement dans les zones non électrifiées, afin de répondre aux besoins urgents en matière d’éclairage public.
Dans la deuxième phase, la commune a bénéficié d’une dotation supplémentaire de 100 lampadaires solaires, tout comme la commune voisine de Mbadakhoun. Cette décision, selon M. Diallo, se justifie par la position stratégique de Ngathie Naoudé sur la Route Nationale n°1, qui dessert la zone CEDEAO, et par la volonté de l’État de remédier aux accidents fréquents qui endeuillent régulièrement la population.
« Ces lampadaires visent à prévenir les drames humains auxquels notre commune paie un lourd tribut : des vies fauchées, des familles endeuillées, des rêves brisés, des pertes économiques significatives… Sans compter les jeunes et les femmes exposés quotidiennement à des risques énormes », a-t-il souligné lors de sa déclaration à la presse ce jeudi.
D’après les données collectées, un total de 2080 lampadaires solaires a été attribué au département de Guinguinéo, répartis comme suit :
Guinguinéo : 400 Khelcom Biram : 200 Ndiago : 250 Fass : 185 Gagnick : 100 Dara Mboss : 200 Nguélou : 175 Ourour : 150 Panal Ouolof : 200 Mboss : 170 Ngathie Naoudé : 50 seulement, soit à peine 2 % du total départemental
« Cette répartition, manifestement inéquitable, suscite aujourd’hui notre profonde indignation et notre colère légitime. Nous dénonçons avec vigueur ce traitement injuste infligé à nos communes de Ngathie Naoudé et Mbadakhoun », a déclaré M. Diallo.
Face à ce qu’ils qualifient de favoritisme et de calculs politiciens, les jeunes du Mouvement pour la Renaissance Citoyenne appellent à une répartition équitable, fondée sur des critères objectifs, transparents et justes, loin de toute discrimination.
« À Guinguinéo, nous vivons dans la peur. Les femmes et les enfants ne peuvent plus circuler librement après la tombée de la nuit. Il est temps d’agir », concluent-ils.
Dans cette optique, un mémorandum a été remis au préfet du département de Guinguinéo, marquant le début d’une mobilisation citoyenne déterminée. « Désormais, nous refusons de nous taire », assurent les jeunes de Ngathie Naoudé.