Crise au sein de la FSKDA :Le silence intriguant de la tutelle malgré les alertes répétées sur les dérives

Depuis 2023, le président de la Ligue régionale de karaté de Dakar ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur des manœuvres visant à déstabiliser et mettre en péril la Fédération sénégalaise de karaté et disciplines associées (FSKDA). Bescaye Diop, qui suit cette affaire de très près, estime que certains membres influents de la FSKDA orchestreraient un véritable complot pour prendre le contrôle de la Ligue régionale de karaté tout en poursuivant des pratiques de prévarication financière. À l’en croire, malgré des preuves accablantes et de nombreux courriers adressés à la ministre des Sports, cette dernière est restée silencieuse, laissant le champ libre aux auteurs présumés de ces irrégularités.

Des alertes ignorées par la ministre

“Dès sa nomination, la ministre des Sports a été destinataire d’une documentation détaillée exposant les pratiques douteuses au sein de la Fédération de karaté. Par courrier électronique et en version physique, j’ai transmis toutes les pièces justificatives prouvant ces accusations. Pourtant, aucune réaction officielle n’a été enregistrée. Pire encore, j’ai été gravement injurié par des membres du bureau de la Fédération. Malgré la gravité des faits et l’existence de preuves tangibles, la ministre n’a pris aucune mesure pour condamner ces actes ou rappeler à l’ordre les responsables concernés”, a expliqué le président de la Ligue régionale de karaté de Dakar.

Un recours à la Primature et une réponse judiciaire

Face à l’inaction du ministère des Sports, le président de la Ligue s’est tourné vers le Premier ministre. Ce dernier, réceptif à ses doléances, a mandaté son cabinet pour examiner le dossier et enclencher une procédure judiciaire via le ministère de la Justice.

“Les enquêtes menées ont révélé des indices accablants, confirmant l’ampleur du scandale. Ces investigations ont conduit à l’arrestation de la quasi-totalité du bureau exécutif de la Fédération ainsi qu’au placement sous contrôle judiciaire de quatre dirigeants”, a souligné Bescaye Diop.

Une attitude ministérielle inexplicable

Le mutisme de la ministre des Sports face à cette affaire soulève des interrogations légitimes. Comment expliquer son absence de réaction face à des preuves documentées ? Pourquoi n’a-t-elle pas diligenté une enquête interne avant que la justice ne prenne le relais ? S’agit-il d’une négligence, d’une volonté de protection de certains acteurs ou d’une incapacité à gérer des crises au sein du secteur sportif ?

Autant de questions qui restent sans réponse, selon M. Diop.

“Une gouvernance responsable aurait exigé une réponse immédiate et structurée. Dès les premières alertes, la ministre aurait dû accuser réception et analyser les dénonciations pour en mesurer la gravité. Ensuite, elle aurait dû diligenter une enquête administrative pour vérifier les faits signalés. La tutelle aurait aussi dû exiger des comptes de la part des dirigeants fédéraux mis en cause, puis prendre des sanctions en cas d’irrégularités avérées”, a-t-il rappelé avant d’ajouter :

“Elle aurait également dû protéger les lanceurs d’alerte contre les représailles et intimidations, ainsi que transmettre le dossier à la justice si des infractions pénales étaient constatées. Enfin, elle aurait dû engager des réformes structurelles pour renforcer la transparence et la gouvernance de la Fédération.”

En omettant de réagir, la ministre des Sports a laissé prospérer une crise qui a fini par exploser au grand jour. Aujourd’hui, alors que la justice s’est saisie du dossier et que des arrestations ont eu lieu, une question demeure : la ministre des Sports assumera-t-elle enfin ses responsabilités ?

A . Saleh

Crise au sein du notariat sénégalais : des professionnels dénoncent le népotisme et réclament une réforme en profondeur

Un vent de fronde souffle sur la Chambre des notaires du Sénégal. Dans un manifeste rendu public ce lundi 17 mars, un collectif de notaires a vigoureusement dénoncé ce qu’il qualifie de « pratiques de népotisme, de parachutage et de parrainage » au sein de l’institution, selon le journal L’AS.

Les auteurs de cette sortie pointent du doigt une gestion opaque et discriminatoire de l’accès à la profession. « Le notariat sénégalais a de tout temps été confronté à un problème d’accès à la profession imposé par des personnes qui en assurent la gestion au niveau de la Chambre des notaires », écrivent-ils, regrettant un système verrouillé par des intérêts particuliers au détriment de la transparence et de l’égalité des chances.

Les notaires frondeurs rappellent qu’avant 2013 — date de l’organisation du premier concours d’accès à la profession — l’entrée dans le notariat était régie par des choix personnels effectués par les titulaires de charges, privilégiant leurs proches ou des personnes sous leur influence. Une situation qui, selon eux, a longtemps écarté des candidats méritants sans relations ni parrains.

Ils déplorent par ailleurs que, malgré l’organisation d’un second concours dix ans plus tard, les vieilles pratiques persistent. Sur les 30 personnes admises (20 au concours direct et 10 au concours professionnel), l’intégration dans les cabinets s’est faite de manière inéquitable : « 20 stagiaires issus du même concours n’ont pas les mêmes dates d’inscription sur le registre alors qu’ils ont réussi au même concours », dénoncent-ils, mettant en cause des retards délibérés dans leur prise de fonction.

Le manifeste fustige aussi des tentatives d’imposer des individus ayant échoué au premier concours ou refusé de s’y représenter. Ces derniers, soutenus par certains membres influents de la Chambre, estiment, selon les signataires, qu’ils ont un droit automatique à être nommés notaires en raison de leur ancienneté. Une revendication jugée inadmissible par les auteurs du manifeste, qui y voient une nouvelle manœuvre pour contourner les règles de mérite et d’équité.

Ils mettent également en garde contre une valorisation injustifiée de certains diplômes étrangers, notamment le diplôme supérieur français, qui, selon eux, ne devrait pas être considéré comme référence unique pour accéder à la profession au Sénégal.

Face à cette situation, les notaires contestataires interpellent directement les plus hautes autorités de l’État. Ils demandent au président Bassirou Diomaye Faye et au Premier ministre Ousmane Sonko de prendre en main le projet de loi portant statut des notaires, avant son adoption par l’Assemblée nationale, afin de « soustraire toutes les voies d’accès projetées par une simple poignée de notaires ».

Ils rappellent également un précédent fâcheux : « Vous avez été une fois abusés à travers le décret n°2024-1181 par lequel vous avez nommé une personne aux fonctions de notaire alors qu’elle ne remplissait pas les conditions requises », dénoncent-ils, appelant à plus de vigilance dans les futures nominations.

Ce cri d’alerte souligne la nécessité d’une réforme en profondeur du système d’accès au notariat au Sénégal. Pour les signataires, seule une procédure transparente, fondée sur le mérite et ouverte à tous les candidats qualifiés, permettra de redorer le blason d’une profession aujourd’hui fragilisée par des pratiques jugées « d’un autre âge ».

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