Ziguinchor : Le MFDC réclame la libération des prisonniers pour apaiser la crise casamançaise

Lors de la commémoration de la 18ᵉ édition de la disparition de l’abbé Diamacoune Senghor, ce 20 janvier 2025, à Mangocro, dans la commune de Ziguinchor, Amidou Djiba, porte-parole du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), a tenu un discours poignant appelant à des mesures concrètes pour apaiser les tensions persistantes dans la région. Parmi ces demandes figurent la libération des prisonniers accusés d’appartenance au MFDC et le retrait des forces militaires.

Amidou Djiba a réitéré la disposition du MFDC à engager des négociations avec l’État sénégalais, mais il a insisté sur le fait que certaines mesures préalables doivent être prises pour instaurer un climat de confiance. « Nous avons toujours tendu la main, car cette guerre est inutile et n’a fait que causer des souffrances inutiles. Nous n’avons jamais voulu de ce conflit, mais il nous a été imposé », a-t-il affirmé.

Selon lui, la militarisation de certaines zones de la Casamance, notamment dans le Fogny, contribue à entretenir un climat de méfiance. « Les troupes doivent partir. Nous n’avons pas besoin d’elles ici. Cette présence est une provocation permanente pour les populations locales », a-t-il martelé.

La principale revendication exprimée par Amidou Djiba concerne la libération des prisonniers qu’il qualifie de « détenus politiques ». Il a dénoncé leur maintien en détention comme un frein à la décrispation de la situation. « Ces hommes et femmes, arrêtés uniquement parce qu’ils sont associés à la lutte pour la Casamance, doivent être libérés. C’est une étape indispensable pour avancer vers la paix », a-t-il insisté.

Parmi les prisonniers mentionnés, René Capin Bassène, journaliste et figure notable de la région, a fait l’objet d’un plaidoyer particulier. Selon Djiba, Bassène serait victime d’un « complot » et subit des conditions de détention inhumaines. « Lors de ma dernière visite, j’ai constaté qu’il a été anesthésié sans intervention chirurgicale, puis laissé à l’abandon. Il souffre et bave constamment. C’est inacceptable », a-t-il déclaré, appelant à sa libération immédiate.

Le porte-parole a également dénoncé les restrictions imposées aux habitants de certaines zones de la Casamance, en particulier dans le Fogny, où les contrôles fréquents compliquent la mobilité. « Dans ces zones, les gens sont traités comme des étrangers. Sans papiers, on est arrêté ou harcelé. C’est une atteinte à la liberté de circulation dans un pays qui prétend garantir ce droit à tous », a-t-il dénoncé.

Amidou Djiba a par ailleurs rejeté les rumeurs de scission au sein du MFDC. « Il n’existe qu’un seul MFDC, celui de 1947, réaffirmé en 1982. Ceux qui prétendent qu’il y a plusieurs branches ou factions doivent revoir leur position », a-t-il déclaré.

Il a également évoqué une « dette morale » que la France et le Sénégal auraient envers la Casamance, en raison, selon lui, de décisions historiques ayant marginalisé la région.

Le MFDC affirme qu’il est prêt à œuvrer pour une paix durable, mais demande des gestes forts de la part des autorités sénégalaises. « Il est temps d’entamer une véritable réconciliation, mais cela passe par des actions concrètes. Libérez les prisonniers, respectez les droits des populations et cessez de militariser nos villages », a conclu Djiba.

[ Vidéo ] – Le MFDC persiste : revendications pour l’indépendance de la Casamance

Le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) a récemment renouvelé ses appels à la communauté nationale et internationale, affirmant son engagement envers la quête de l’indépendance de la région sud du Sénégal. Dans une déclaration poignante adressée aux Sénégalais et au monde entier, le MFDC a exposé les enjeux cruciaux qui persistent dans le conflit casamançais, mettant en lumière les défis rencontrés par les habitants de la Casamance depuis des décennies.

Au cœur de leur message réside une lutte pour la reconnaissance de l’histoire et des droits des Casamancés. Le MFDC a rappelé avec fermeté que la Casamance ne fait pas partie intégrante du territoire sénégalais par choix propre, mais plutôt par des accords coloniaux datant du 19ème siècle. En soulignant ce point, le mouvement a mis en avant le fait que la Casamance n’est pas une simple province sénégalaise, mais une entité avec une histoire, une identité et des aspirations propres.

Le MFDC a également dénoncé les tactiques répressives employées par le gouvernement sénégalais pour étouffer les revendications d’indépendance. Les arrestations arbitraires, les détentions prolongées et les actes de torture infligés à ceux qui osent exprimer leur désir de liberté ont été fermement condamnés par le mouvement, qui a souligné que ces actions ne feront que renforcer la détermination du peuple casamançais.

Dans son discours, le MFDC a appelé à un dialogue authentique et inclusif avec le gouvernement sénégalais, exigeant le respect des droits fondamentaux des Casamancés. Le mouvement a exprimé sa volonté de parvenir à une solution pacifique et durable au conflit, mais a insisté sur le fait que cela ne serait possible que si le Sénégal reconnaît les aspirations légitimes du peuple casamançais et s’engage sérieusement dans des pourparlers de paix.

Enfin, le MFDC a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle prenne conscience de la situation en Casamance et qu’elle soutienne les efforts visant à résoudre le conflit de manière juste et équitable. Le mouvement a affirmé sa détermination à poursuivre la lutte pour l’indépendance de la Casamance jusqu’à ce que justice soit faite et paix soit obtenue pour les habitants de la région.

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Ziguinchor, un plan d’action de retour des populations déplacées lié à la crise casamançaise est mise en branle.

Pour un retour définitif des populations déplacées du département de Ziguinchor du fait du conflit en Casamance, les acteurs de mise en œuvre d’une stratégie de facilitation de retour des populations au bercail, se sont réunis autour du préfet du departement de Ziguinchor, ceci à travers un atelier de partage sous l’impulsion du comité national de gestion de la situation des réfugiés et rapatriés et personnes déplacées en Casamance.

« L’objectif c’était de procéder à la restitution d’une expression de besoin qui avait été élaboré et communiqué par les autorités administratives. Il s’agit effectivement d’accompagner le processus de retour des personnes et familles déplacées sur la base de la mise en place d’un certain nombre de services sociaux de base. La collecte a été faite sur la base d’une matrice et de façon très pointue dans le département pour l’ensemble des communes et villages impactés, nous avons donc procédé à cette expression de besoin. » Affirme le préfet de Ziguinchor Ameth Tidiane Thiaw

Il précise tout de même « L’atelier organisé avait pour objet de partager cette expression de besoin pour un peu revisiter le caractère exhaustif complet ou non et dans tous les cas apporter des éléments de consolidation avant la prise en charge de cet état de besoin par les services centraux compétents d’état. »

« Nous avions mois de juillet, mener une première mission d’évaluation de besoins et il s’agit pour cette mission en relation avec les services de monsieur le préfet de consolider ces besoins et ces besoins ont été globalement scindé en plusieurs domaines, besoins en habitat, en santé, en éducation, en sécurité  et même des besoins immatériels. 
Donc après échange bien sûr un mécanisme de coordination au niveau local sera d’abord mis en place, ensuite l’ensemble des besoins détaillés envoyés au niveau du secrétariat pour une prise en charge par les services de l’état, bien sûr les ministères ne pourront pas exécuter à cent pour cent l’ensemble des besoins, c’est pourquoi nous y avons impliqué nos partenaires stratégiques comme le HCR et d’autres partenaires ainsi que les ONG locales, qui aussi dans leurs domaines vont compléter les actions de l’état pour un retour définitif des populations dans leurs villages. » A fait savoir le Colonel Boubacar Touré secrétaire permanent du comité chargé de la gestion des réfugiés, des rapatriés et des personnes déplacées.

Dans ce processus de retour des populations déplacées, il est concerné l’ensemble des populations déplacées interne comme externe.

« Le nombre de déplacées externe qui constituent les réfugiés au niveau de la Gambie et de la Guinée Bissau et les déplacées interne qui sont restées dans la région les chiffres obtenus en juillet passé se portaient sur plus de trente cinq mille réfugiés, c’est pas exhaustif, c’est pourquoi nous sommes venus pour consolider ces éléments.
Nous allons en relation avec les structures sœur des républiques de la Gambie et de la Guinée Bissau essayer d’avoir les statistiques qui nous permettront quand même d’atteindre valablement la cible, c’est à dire les informations précises qui nous permettront non seulement d’accompagner le retour des déplacées interne mais aussi de prendre en compte le retour des réfugiés et de les accompagner pour une intégration réussie dans leurs localités au niveau du département de Ziguinchor , c’est surtout dans l’arrondissement de Niassya et de Niaguis et dans l’arrondissement de Niaguis le sous préfet nous a fait part d’un seul village Boussoloum dont les populations n’ont pas encore rejoint la localité, au niveau de l’arrondissement de Niassya c’est quatre localités. » A-t-il ajouté.

Les données collectées montre que sur 119 villages déplacés pour une population de 33028 personnes, 87 ont été définitivement ou partiellement regagnés par leurs habitants dont un effectif estimé à 17105 habitants, ce qui fait un taux de retour estimé à 51,78% des déplacées.

AS

Le Dakarois Ziguinchor

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