Une vive polémique secoue le secteur médiatique sénégalais depuis la publication, ce mardi, par le ministère de la Communication et du Numérique, d’une liste provisoire des médias conformes aux dispositions du Code de la Presse. Sur les 535 organes de presse recensés, seuls 112 ont été déclarés en règle par l’État. Cette décision a suscité une vague de réactions, notamment celle de Maimouna Ndour Faye, directrice générale du groupe 3M Universel (7TV, Az Actu), dont les médias figurent parmi ceux jugés non conformes.
S’adressant à la presse, Maimouna Ndour Faye a exprimé sa colère face à ce qu’elle qualifie de manœuvre visant à affaiblir la presse privée. “Ce n’est pas au ministre de décider de la légalité ou non d’un média”, a-t-elle affirmé. Selon elle, cette initiative du gouvernement est une continuation de mesures destinées à restreindre les médias critiques envers le pouvoir. « Le régime a commencé par suspendre les contrats de convention, nous avons résisté. Cette fois, encore, nous allons mener le combat », a-t-elle ajouté.
Pour la journaliste, cette décision marque une tentative de museler les voix indépendantes en excluant certains organes de presse des avantages publics, notamment des subventions et des partenariats. Elle considère cela comme une atteinte grave à la liberté de la presse et promet de résister à toute tentative visant à restreindre leurs activités.
Le ministre de la Communication, Alioune Sall, a précisé que la liste publiée reste provisoire et que les médias non reconnus disposent de 72 heures pour se conformer au Code de la Presse. Passé ce délai, ceux qui ne seront pas en règle ne bénéficieront plus de subventions ni de marchés publics. Parmi les 112 médias validés, on compte 54 presses en ligne, 10 télévisions, 14 journaux, 14 chaînes de radio, 11 radios communautaires et 6 Web TV.
Cette initiative soulève plusieurs interrogations au sein du paysage médiatique sénégalais. De nombreux acteurs dénoncent un processus opaque dans l’établissement de cette liste, craignant une instrumentalisation politique du Code de la Presse. Pour certains, l’objectif pourrait être de consolider un contrôle sur les médias, en favorisant ceux qui sont jugés plus proches du régime au pouvoir.
Cette affaire relance le débat sur la liberté et l’indépendance de la presse au Sénégal. Le Code de la Presse, adopté en 2017, visait à structurer et professionnaliser le secteur, mais sa mise en œuvre semble aujourd’hui contestée.
Alors que la période de régularisation s’achève dans quelques jours, tous les regards se tournent vers les autorités et les organisations professionnelles de la presse pour trouver une issue à cette crise. Entre défense des intérêts publics et liberté d’expression, l’équilibre s’annonce difficile à trouver.